Franck Degoul

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Halte à proximité du village d’Arco-Íris – État de Pará (Brésil).
Année 2010
© Franck Degoul
Docteur et Ph.D. en anthropologie, spécialiste des religions afro-caribéennes. A effectué une traversée pédestre du Brésil en solitaire sur près de 5 000 km, du sud au nord.

Prologue :


« Partir, se confronter, non aux représentations d’autrui, mais à ses propres vérités. Délaisser les discours, les significations, les interprétations, pour s’abîmer dans le radieux silence de l’effort. Non plus réfléchir, mais penser. Penser peu, penser juste. Renoncer au raisonnement pour entrer en résonance, écouter retentir en soi la clameur du monde. Abaisser les ponts-levis de son “fort” intérieur. Convertir son regard. Se modifier. La marche est, parmi d’autres, une pratique de soi !
À pied… Ce voyage à pied prendrait, précisément, le contrepied de cette existence antérieure, des expériences qui l’avaient nourrie. Sans attache institutionnelle, j’embrasserais une myriade de contrées à la cadence d’un cheminement personnel. Deux mains de mois, un firmament d’étendue. Temps court, espace à ne plus savoir qu’en faire. Cette lente traversée constituerait une sorte de carotte prélevée dans l’épaisseur souterraine du pays, un échantillon vertical de sa composition, feuilletage de milieux, d’impressions, de rencontres, de situations recueillies en parcourant son immensité intérieure. Passer plutôt que demeurer. Ne plus s’efforcer de répondre : s’évertuer à multiplier les interrogations. Passer. Frôler. Effleurer. Trouver. Saisir. Abandonner. Perdre. Retrouver. Avancer, progresser…
Quand tu pars, il faut aimer !
Par un soir mauve d’été, scrutant un planisphère, j’élis le Brésil. Mes lectures ethnologiques m’avaient familiarisé avec son héritage africain, ses cultes afro-brésiliens du candomblé de Bahia, de l’umbanda de Rio ; les anthropologues Claude Lévi-Strauss et Roger Bastide en avaient rapporté des pages somptueuses ; des écrivains, des poètes, vénéraient sa féerie : Cendrars, Zweig ; sa musique m’enivrait : bossa nova, samba, forró, choro… La variété de ses climats, de ses environnements, de sa géographie humaine, cette immense diversité, sa vastitude, tout cela se prêtait à merveille au projet. Relier les pampas australes à l’Amazonie septentrionale… Partir gaúcho, finir caboclo ! »


Extrait de :

Brasil, La grande traversée
(p. 13-14, Transboréal, « Sillages », 2015)

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