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Parc de Somiedo – Asturies (Espagne)
Année 2007
© Blandine Vignon
Écologue, spécialiste des grands ongulés sauvages et de leurs prédateurs – ours, lynx et loup –, mais aussi des batraciens et de certains coléoptères tel le pique-prune. Travaille à l’Office de génie écologique.

L’acuité du regard :


« La nature nous entoure où que nous soyons, y compris au cœur des villes. Parmi la multitude des espèces vivantes – on en compte plus de 50 000 en France –, une partie d’entre elles sont visibles. Celles que nous ne percevons pas vivent dans un espace masqué à nos regards, ou encore sont invisibles à cause de leur petite taille. Pourtant, beaucoup d’entre elles peuvent être décelées par des indices laissés du fait de leurs activités : déplacements, alimentation, marquage de leur territoire, constructions diverses, etc. Parmi ces animaux, il y a ceux qui hantent notre imaginaire, notamment les espèces qui nous paraissent inaccessibles malgré leur grande taille. Partons à la quête de cette fraction d’individus qui laissent leur signature à l’observateur initié.
La plupart des grands mammifères sauvages des forêts de plaine sont nocturnes et discrets, à la différence des oiseaux diurnes qui se distinguent par leur chant et leurs couleurs. Pour approcher ce monde des mammifères, il faut des clés d’accès. Ce sont leurs indices de présence que l’observateur devra trouver et interpréter. Leur recherche et leur lecture est un long apprentissage, parce qu’il faut du temps pour rencontrer les divers indices dans des contextes variés. On ne peut pas interpréter de la même façon des indices sur un terrain sec ou mouillé, ou sablonneux, ou encore argileux. Il est nécessaire de les retrouver plusieurs fois avant de les percevoir systématiquement puis de les comprendre. Ici, c’est le contour d’une trace dont on ne voit qu’une partie ; là, il s’agit de deux traces superposées. Mais quel est l’animal qui les a laissées ? Avec l’expérience, le terrain livre les usages de ses habitants. L’observateur doit faire preuve d’une grande richesse de perception, et avoir développé ses facultés sensorielles : la vue, les sons et les odeurs. Un observateur initié apprend bien davantage par la connaissance des indices que par les observations directes qui ne dévoilent que de courtes tranches de vies. »


Extrait de :


(p. 75, Transboréal, « Chemins d’étoiles », 2006)

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