
En guise de préface :
« Grand Dieu ! Sans me vanter, les amis, je vous dis la pure vérité : le rêve de devenir écrivain coûte que coûte remonte à mes plus jeunes années. En troisième ou quatrième année d’études primaires, déjà, ma réputation de poète a passé le mur de l’école pour se répandre à travers l’aoul. On m’appelait même “le garçon poète”.
Au début, ce surnom m’égratignait comme une ronce. Puis je me suis dit : le talent est quelque chose d’inné. Le mien, je ne l’ai ni quémandé ni volé. Si le destin en a décidé ainsi, je n’ai plus qu’à m’en faire une raison.
On dit que les grands poètes n’écrivent que sous le coup de l’inspiration. Quant à moi, j’ai toujours eu l’inspiration au bout de la plume. Dès que j’avais un moment et que je m’asseyais à une table, je composais d’emblée. C’est peu de le dire ! Parfois, quand j’entamais un nouveau cahier de vers, je brûlais tant de le noircir que je me fixais des objectifs : composer tel nombre de poèmes par jour.
Le propre de chacun est de grandir, et je n’ai pas fait exception. De jour en jour, moi aussi je grandissais. Mes vers n’ont pas tardé à paraître sur les journaux muraux de la classe et de l’école. À tel point même que je n’avais plus à proposer mes poèmes : on me priait d’en écrire en fonction des besoins. »
Je m’appelle Koja
(p. 17-18, Transboréal, « Nature nomade », 2024, rééd. 2025)