Quartier de Barranco – Lima (PĂ©rou)
Année 2012
© Omar Lucas
Prologue :
« J’ai trois nationalitĂ©s : une mère argentine, un destin en langue française et une naissance en AmĂ©rique du Nord. Je suis parti pĂ©tri de convictions humanistes, de rĂŞves d’aventure, de dĂ©fis pleins de morgue, avec un dĂ©sir de sincĂ©ritĂ© inaltĂ©rable pour ces pays. J’ai commencĂ© à petits pas : tout Ă©tait incertain, beau, exotique. Je le revois dans mes notes. Elles sont encombrĂ©es de rĂ©flexions naĂŻves ou de questions inutiles. Puis les mois les assèchent, le rythme devient nerveux, le sentiment de perte s’accompagne de la certitude qu’aucune vĂ©ritĂ© ne surgira jamais au terme de ma route. J’ai terminĂ© dĂ©fait dans mes convictions. Les annĂ©es ont usĂ© la vanitĂ© de ce regard-là, plein de constructions toutes faites et de clichĂ©s Ă©culĂ©s. Peu à peu se sont esquissĂ©s les vĂ©ritables enjeux, le destin auquel les Andes sont soumises depuis des siècles, les mythes qu’on y façonne depuis si longtemps, l’or, les rĂŞves d’ailleurs utopiques, les cases dans lesquelles l’Occident enferme les communautĂ©s andines. Ces mĂŞmes communautĂ©s qui, ces dernières dĂ©cennies, ont affrontĂ© l’exode rural, la perte des repères culturels et linguistiques, le conflit meurtrier et fratricide entre les forces armĂ©es et la guĂ©rilla du Sentier lumineux.
Aujourd’hui, la question reste inchangĂ©e. Les Andes, avec leurs chemins prĂ©colombiens et leurs communautĂ©s isolĂ©es, que sont-elles vraiment ? Un dĂ©fi, mais pour quel voyage ? Une terre à convertir, mais pour quels missionnaires ? »
EspĂritu Pampa, Sur les chemins des Andes
(p. 15-16, Transboréal, ? Sillages », 2012)