
À la citadelle Ark – Boukhara (Ouzbékistan).
Année 2019
© Fawaz Hussain
Sayat-Nova ou l’appel du voyage – Paris :
« Après ma découverte de Sayat-Nova, je me sentais à des années-lumière des va-t-en-guerre du début du troisième millénaire. Devant la folie généralisée, il nous restait le rêve, la poésie et la beauté. Je devais suivre l’exemple du barde devenu moine, mais me retirer ne signifiait pas m’isoler, loin de là. Ensemble, le poète et moi, nous allions nous entendre à merveille. Je n’avais nullement besoin de me convertir à son christianisme apostolique pour cogiter en sa compagnie dans le silence des monastères, ces lieux de paix qu’il avait longtemps connus. Je resterais tel que le bon Dieu m’avait fait, c’est-à-dire un musulman doutant de tout ; et puis, ce n’était pas à mon âge qu’on me changerait. Nous serions entourés de khatchkar, ces pierres à croix si caractéristiques de l’Arménie et de ses rêves brisés. Nous nous recueillerions à la lueur des cierges fins faits en cire d’abeille – on les obtenait sans peine dans les boutiques de souvenirs religieux »
Par le souffle de Sayat-Nova, Voyage en Arménie et en Géorgie
(p. 21, Transboréal, « Voyage en poche », 2025)
