
Dans son intérieur à Landerneau – Finistère (France).
Année 2022
© Simon Cohen
Prologue :
« Me concernant, il ne s’agit en aucun cas de me présenter comme ethnologue, encore moins comme collectionneur de mémoires, et il serait hasardeux de prétendre qu’il s’agit d’une passion. Certes, il m’arrive de pousser la grille d’un cimetière si d’aventure je passe dans le coin, mais j’aime aussi en sortir au plus vite pour aller gambader sur les chemins alentour ou partager le trottoir avec mes semblables bien vivants. Tout au plus peut-on parler en ce qui me concerne de curiosité qu’on ne pourrait en aucun cas qualifier de malsaine. Rassurons-nous, rien de morbide dans ma démarche, rien de pervers. Je ne suis pas nécrophile, encore moins nécrophage, je ne suis adepte ni d’une secte sataniste, ni d’un courant collapsologiste prédisant la fin du monde tous les huit jours. Par ailleurs, je jure n’avoir jamais assisté à la moindre messe noire. Les mascarades d’Halloween m’ennuient à mourir et, pour tout dire, je ne crois pas – j’allais dire hélas – à la résurrection de l’âme. Je n’imagine pas une vie dans un quelconque au-delà. Saint Pierre et son trousseau de clés, les anges et les archanges au-dessus des nuages, le Jugement dernier, les élus et les damnés? pas du tout ma tasse de thé. Je fais partie de ces athées, pour le moins de ces agnostiques pour parler riche, qui pensent non sans une pointe de regret que quand c’est fini, c’est fini. Plus de sons, plus de lumières. Point final. »
La Vie des cimetières, Petite déambulation dans le monde des défunts et les rituels associés
(p. 18-19, Transboréal, « Petite philosophie du voyage », 2025)