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Ghachowk – district de Kaski (Népal)
Année 2018
© Dominique Pacquier
Kinésithérapeute ayant vécu à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie. A effectué deux fois le pèlerinage de Shikoku.

Épilogue :


« Un an plus tard, presque jour pour jour, je suis revenu à Shikoku avec ma femme. Elle et moi avons marché pendant quarante-deux jours autour de l’île, visitant ses 88 temples.
Je repartais sur le chemin, accompagnant celle qui partage ma vie pour sa première expérience. Nous avions alors vendu tous nos biens – maison, voitures, meubles, cabinet –, stocké le peu de choses auxquelles nous étions encore attachés dans un conteneur, et nous avons fait nos bagages.
Nous sommes devenus, en quelque sorte, de vrais vagabonds. Nous n’avons plus de maison, plus de domicile fixe, plus de point d’ancrage.
Nous avons commencé notre nouvelle vie avec la longue marche de Shikoku, puis nous sommes partis sur les routes du monde, avec seulement nos sacs.
Il avait bien fallu que je réponde à toutes les questions que je m’étais posées au cours de ma première expérience, et il avait bien fallu en assumer les réponses, sans faux-fuyant, sans trouver d’excuse facile, courageusement et le plus honnêtement possible.
Nous menons maintenant une vie faite d’errances, de joies et de doutes aussi. Mais nous avons le sentiment d’être libres, libres et maîtres de notre destin. Parfois, cette liberté est vertigineuse et peut paraître effrayante. L’école ou l’université ne nous ont jamais enseigné à gérer la liberté ; on nous a par contre appris à rentrer dans des cases, à prendre une place bien définie dans une société parfaitement organisée et, de préférence, à y rester. Il n’y a pas d’école de la liberté. C’est bien dommage. Il faut donc soi-même apprendre, créer sa propre école, inventer sa méthode afin de cultiver cette liberté chérie. Si une telle aventure fait rêver, ce n’est pas toujours aussi facile que ça en a l’air. Mais je ne connais pas d’autre voie qui en vaille la peine.
Je ne sais pas combien de temps encore nous continuerons à vivre ainsi, comme des nomades. Pour l’heure, seul l’instant compte.
Nous avons tourné autour de l’île, en avons capté l’énergie, avons appris et tiré les leçons de ce pèlerinage, puis nous avons ouvert la boucle. Comme la pierre dans la fronde qui tournoie et dont on lâche soudain l’une des cordes, nous avons été propulsés grâce à la force emmagasinée lors du pèlerinage. Et plutôt que de tourner sans cesse au risque de perdre la raison, nous avons ouvert notre horizon. Shikoku aura été notre rampe de lancement vers une nouvelle vie.
Il fallait aussi s’en affranchir, et s’affranchir du maître, Kobo Daishi.
Mais n’est-ce pas le but de tout maître que de libérer ses élèves ? »


Extrait de :

Le Pèlerin de Shikoku, Un chemin d’éveil au Japon
(p. 241-242, Transboréal, « Sillages », 2018)

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