
Au bord de l’Irrawaddy à Mandalay – région de Mandalay (Myanmar).
Année 2017
© Laure Bligny Sablé
Premières rencontres avec le monde des sâdhu :
« La première fois que je rencontrai des sâdhu, ce fut à Haridwar, une ville sainte du nord de l’Inde. Une ville un peu “magique” avec ses temples ocre ou roses qui baignent dans le fleuve sacré.
Je me promenais sur les berges, lorsque je fus attiré par une vieille image de la déesse Durga, qui se trouvait un peu au-dessus des marches qui descendent jusqu’au fleuve. Je me penchais pour l’observer. Elle était très curieuse, un peu stylisée, plantée dans le sol au milieu de pierres colorées en rouge. À ce moment, je sentis quelqu’un me pousser légèrement. Je me retournai, surpris. C’était un vieux sâdhu à la chevelure rasta impressionnante. Il rigolait. Un de ses compagnons, qui se trouvait un peu plus loin, me fit signe d’approcher. Il avait le crâne entièrement rasé – je pensai que les sâdhu aimaient bien les extrêmes –, peu de dents et de grosses lunettes épaisses qui lui tombaient de biais en travers du visage. Il m’indiqua un siège en plastique, et nous tentâmes d’échanger. Ce qui se révéla difficile car il ne connaissait que quelques mots d’anglais. Je lui montrai la méthode de hindi que j’utilisais_: Apprenez le hindi en 30 jours. Il regarda longuement la jeune femme un peu déshabillée qui figurait sur la couverture. Je lui dis_: “Mahâlakshmî” (la grande déesse), en lui désignant la femme, et il approuva longuement en hochant la tête. Puis il me montra un petit ouvrage en sanscrit qu’il portait toujours avec lui. C’était les Shiva-sûtra. Pour la première fois, je pénétrais dans l’univers des sâdhu. En quelques phrases, en quelques gestes, il m’avait montré ce qui était important pour eux, les fondements de leur vie_: le dieu Shiva, l’errance, le haschich. »
Sadhus & yogis, Entre ascétisme, errance et mysticisme
(p. 16-17, Transboréal, 2025)