Jaipur – Rajasthan (Inde)
Année 2014
© Sourav Mondal
Au pied de la déesse Ganga :
« Il me semblait qu’aller à la Kumbha Mela, c’était remonter au temps des mythes, de la vie communautaire en plein air, de la superfluité des technologies et de la croyance en l’utilité des pèlerinages. À Allahabad, j’espérais ressentir l’alliance de la démesure et de l’intériorité. Je rêvais de découvrir l’excentricité des modes de vie, d’assister au déferlement des sectes hindoues, de rencontrer les moines sortis de leur ashram, les ermites descendus de leur montagne, les sâdhus arrêtant pour un temps leur errance. À cette curiosité s’ajoutait mon amour de la marche, des grands espaces, des rencontres? Le besoin de jouir une fois encore du débordement en moi des forces naturelles. En longeant le Gange à pied, de l’embouchure à la source, j’avais l’espoir d’accorder du temps à la lenteur qui ouvre la profondeur des choses, de vivre véritablement l’instant et de n’être lié à rien. D’autres randonnées m’avaient appris que la marche libère de la croyance en l’indispensable : peu de besoins, peu de biens, donc peu de dépendance. On y gagne parfois l’émotion de la conquête ! Et s’il est vrai que le marcheur se rend vulnérable, il est surtout entièrement disponible pour la rencontre. »
Âme du Gange (L’), Un pèlerinage aux sources
(p. 14-15, Transboréal, ? Sillages », 2016, rééd. 2019)