Cent cinquante mille éléphants de mer se reproduisent à Kerguelen. En septembre, les mâles atteignant trois tonnes remontent sur les plages. Ils vont y rester durant les sept à onze semaines de la reproduction. Ils jeûnent alors en vivant sur leur réserve de graisse. À la fin de septembre, les femelles, qui pèsent le quart du poids des mâles, arrivent à leur tour. Les mâles les plus forts livrent combat en vue de se constituer un harem comportant jusqu’à cent femelles. Les « pachas » transmettent ainsi leur potentiel génétique, ce qui perpétue le dimorphisme sexuel de l’espèce. À la mise bas, l’unique petit pèse environ 38 kilogrammes. Allaité, il grossit quotidiennement de 4,2 kilogrammes pour en peser 128 en moyenne au sevrage, trois semaines plus tard. Durant cette période, la femelle reste à terre et perd 40 % de son poids. Une fois sevré, le petit jeûne pendant les cinq semaines nécessaires à sa mue et à la constitution d’une couche de graisse sous-cutanée. Étant donné que les jeunes apprennent seuls à pêcher (surtout des calmars), trois sur cinq seulement passent le cap de la première année. Le jeune éléphant de mer pèse alors quelque 200 kilogrammes. Il atteint sa maturité sexuelle à l’âge de 2 ans pour les femelles, et de 6 à 8 ans pour les mâles. La fécondation des femelles a lieu quelques jours après la mise bas, mais le développement de l’embryon est différé de trois mois, puisque la gestation en dure neuf et que les adultes ne s’accouplent qu’une fois l’an.

Par Patrick Fradin & Christophe Houdaille
Texte extrait du livre : Îles des Quarantièmes, Visions de navigateurs au long cours
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