Lama et alpaga, vigogne et guanaco



Tous les camélidés auraient pour origine commune une espèce éteinte d’Amérique du Nord. On distingue aujourd’hui les camélidés d’Asie et d’Afrique – le chameau et le dromadaire – et ceux d’Amérique – le lama, l’alpaga, la vigogne et le guanaco. Les camélidés se protègent du froid, de la pluie et de la neige grâce à leur pelage dense et long. Ils possèdent un système digestif très perfectionné, qui leur permet de se contenter d’une alimentation composée de végétaux pauvres et ligneux. Dans la Cordillère, on les surnomme « les animaux ascètes », car ils peuvent se priver d’eau et de nourriture pendant plusieurs jours. Le lama et l’alpaga furent domestiqués il y a quelques milliers d’années par les habitants des Andes. En revanche, la vigogne et le guanaco sont restés des espèces sauvages. La vigogne est le plus petit des camélidés, mais aussi, grâce à sa laine exceptionnelle, le mieux adapté à l’Altiplano. Jusqu’à récemment, elle était impitoyablement chassée pour la valeur de son pelage. Aujourd’hui, son braconnage peut entraîner jusqu’à huit ans de prison. Ces mesures très sévères ont permis de sauver l’espèce menacée d’extinction. En 2000, un recensement dénombrait plus de 30 000 vigognes sur l’ensemble de l’Altiplano, du nord du Pérou à la Patagonie argentine. L’habitat de la vigogne se situe dans les zones élevées les plus froides et les plus arides des Andes ; celui du lama dans la zone intermédiaire de lacs et de pâturages ; celui du guanaco et de l’alpaga dans les zones basses, humides et moins froides. En Amérique, il n’y a pas plus élégant que le lama, appelé kharwa en quechua, avec son long cou, sa tête fine et sa démarche légère. Il est pour les Indiens collas un animal d’une grande utilité : bête de somme, producteur de laine et de viande.
Le lama est au cœur des légendes et des croyances de tous les peuples andins. Il est offert aux dieux sous forme de sacrifice, sa viande étant ensuite consommée au cours d’un repas de fête. On choisit alors toujours un beau spécimen de pelage blanc. Un rituel atteste à quel point le lama était vénéré dans les Andes. À l’époque inca, au lever du jour, à proximité du village, un lama blanc était offert à Viracocha, le créateur ; à midi, un lama noir était sacrifié pour apaiser les démons et, au coucher du soleil, un lama bicolore était offert au pied des montagnes à la Pachamama pour favoriser la fécondité. Les prêtres incas allaient jusqu’à lire dans les poumons des bêtes immolées la destinée de l’Empire.

Par Rémy Rasse & Analía Rondón
Texte extrait du livre : Andes, Visions d’un peintre itinérant
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