Collection « Visions »

  • Indonésie
  • Lac Baïkal
  • Birmanie
  • En pays kirghize
  • Hautes vallées du Pakistan
  • Patagonie
  • Spitzberg
  • Afghanistan
  • Sinaï
  • Andes
  • Asie centrale
  • Échos d’Orient
  • Route des Amériques (La)
  • De Saigon à Saint-Malo
  • Sahara
  • Himalaya
  • Îles des Quarantièmes
  • Alaska
Couverture
Les récifs coralliens :

« Nous avançons pas à pas, inspectant à la lampe chaque roche avant d’y poser le pied, car la créature est tapie là, invisible. De jour, elle s’absente et revient sitôt le soleil couché. Toutes nos plongées de nuit débutent par ce rituel. L’eau atteint la taille à présent, nous pouvons flotter, enfiler nos palmes et exprimer un soulagement. Bien plus redoutables que les crocs du requin, la bave de la murène ou l’aiguillon de la raie, sont les épines venimeuses des nageoires du poisson-pierre. Celui qui les presse peut passer rapidement de vie à trépas. Il n’est aucun prédateur, hormis de gros squales à l’estomac d’airain, pour oser l’importuner. Ses victimes sont bernées : il ne se remarque guère, même dans le sable, car il s’y enfouit. Qui veut apprendre à le distinguer doit s’en remettre à l’œil exercé d’un plongeur et connaître ses sosies, tel le poisson-scorpion diable, aux pectorales plus saillantes et à l’abdomen moins trapu. Nous rencontrons bientôt le poisson-pierre, trahi par ses petits yeux noirs et ses lèvres en croissant. Son faciès est monstrueux, son corps informe, sa peau scrofuleuse. Les déplacements gauches et l’expression triste de ces poissons nous attendrissent pourtant. Une petite rascasse volante, attirée par la lumière, s’en approche. Nous éteignons nos lampes pour épargner l’étourdie. Le bloc inanimé pourrait se détendre à la vitesse de l’éclair et happer la proie facile. Il n’en ferait qu’une bouchée, sa gueule large et protractile lui permettant d’avaler des animaux presque aussi gros que lui.
Face à la faune sauvage, la prudence est de mise. Nous l’avons bien compris le jour où nous voulûmes saisir l’image en gros plan d’une murène géante. L’espèce abonde en mer Rouge, où les plus gros spécimens dépassent deux mètres de long et pèsent plus de cinquante kilos. La dentition est certes impressionnante, mais l’agressivité n’est pas le signe particulier des murènes. Elles cristallisent néanmoins répulsions et mythes défavorables, en raison vraisemblablement de leur ligne serpentine et d’une tendance à ne laisser émerger que leur tête des coraux, telles les sentinelles d’un réseau de galeries secrètes. Le sujet que nous convoitions pour notre collection de portraits était nerveux, sans doute à cause du comportement indélicat d’une palanquée dont nous distinguions les bulles dans le lointain. Des plongeurs inconscients caressent les murènes géantes, dont le sens de la vue est peu développé, pour braver le danger ou exorciser la crainte, sans se douter qu’ils portent atteinte au mucus dermique protecteur ou qu’une maladresse peut provoquer une morsure. La plaie sera alors profonde et s’infectera dans bien des cas. L’animal nous sauta à la gorge, la gueule béante. Nous ne dûmes peut-être la vie sauve qu’à l’appareil photo mis en barrage, suivi d’un réflexe de fuite. Un gant de velours, en l’occurrence un récif corallien chatoyant, peut cacher une main de fer. Gardons-nous de bouleverser l’ordre écologique et restons sagement à notre place, celle d’intrus dans le monde sous-marin ! »
(p. 74-77)

Le littoral (p. 20-21)
Le désert (p. 112-113)
Extrait court
Extraits d’articles
Photographie sous-marine
Mangroves
Récifs coralliens de la mer Rouge
© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.