Les Vertiges de la forĂŞt, Petite dĂ©claration d’amour aux mousses, aux fougères et aux arbres
RĂ©mi Caritey
L’arbre est le refuge de l’oiseau comme de l’enfant qui, dans sa cabane perchĂ©e, reconsidère le monde et ses habitants. Ses frondaisons protègent du soleil et abritent de la pluie, ses branches bruissent dans le vent, son tronc Ă©lève le regard, ses feuilles et son Ă©corce offrent mille formes toujours renouvelĂ©es. Source de lĂ©gendes et de bienfaits, prodigue en Ă©motions, l’arbre l’est aussi de ses fruits – faĂ®nes, pignes, merises ou châtaignes –, et ses mĂ©tamorphoses saisonnières ponctuent l’annĂ©e. Dans la forĂŞt tapissĂ©e de fougères et de mousses, encombrĂ©e de lianes et de chablis, le visiteur connaĂ®t à la fois la sĂ©rĂ©nitĂ© du refuge contre la furie des Ă©lĂ©ments et l’angoisse des sombres lisières et des camps d’ombre. Comme à la cime de cet univers Ă©trange et familier, l’homme est pris de vertige : en quĂŞte de racines, il voudrait voir derrière chaque tronc un ami et retrouver avec lui l’antique complicitĂ© que perpĂ©tuent les derniers habitants des forĂŞts tropicales ou le peuple japonais qui honore toujours les hĂ´tes invisibles de la nature.