Collection « Sillages »

  • Treks au Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Entre Selim et Arpa, ancienne route de la soie :

« Gladzor et Tanahati vank, deux monastères de basalte noir, isolés sur les hauts plateaux volcaniques, dressent leur silhouette austère dans un décor de paillasson doré. Le gloussement des kakav, des perdrix bavardes, est couvert par le ronflement du moteur du minibus. La piste qui s’ouvre à l’avant de l’engin ressemble d’abord à un tapis d’herbes jaunies par l’automne et offre un certain confort pour le passager. Mais, rapidement, la douceur capitonnée du couvert herbacé fait place à un champ de caillasse. Nous roulons tout simplement sur une des cinq coulées du volcan Tapacidalik, ou “tête trouée”, vieille appellation tatare, dénommé aujourd’hui Vayots sar. Ce beau cône d’andésite, parfait, de plus de 2 500 mètres, est un loup solitaire, planté dans le néant des montagnes. Il fait partie d’une écharpe volcanique qui va des volcans à l’ouest du lac Sevan jusqu’au Karabagh central, et est considéré par les géologues comme le plus beau et le plus intéressant volcan éteint du Caucase.
Sans même s’en rendre compte, le minibus quitte la piste. Un désert humain, pas une vache, pas un berger, rien qu’une étendue sans fin avec, loin au fond, la silhouette du volcan. En perdition, Manvel pense à faire demi-tour, mais pour passer où ? Tout à coup, un bruit de moteur vient rompre la quiétude des lieux et, comme sorti des entrailles de la terre, apparaît alors un gigantesque camion-benne chargé de gros blocs de basalte. Sans doute pour approvisionner un chantier mené par des Titans, pensé-je. Dans un tel décor, tout est possible. Mais ce camion représente une aubaine. Le chauffeur connaît parfaitement le coin. Il nous invite à le suivre vers un embranchement de piste, quasi invisible, noyé sous les herbes hautes. “De là, c’est simple, il suffit de se diriger vers la tête trouée”, lance-t-il avant de poursuivre sa route. La piste n’est guère meilleure, mais c’est du moins la bonne direction, semble-t-il. Pourtant, trous, ornières et cailloux en tout genre créent une certaine angoisse. Il faut zigzaguer, monnayer sans cesse un passage au plus près des marges herbacées qui frôlent la piste, pour stabiliser le véhicule.
Enfin nous arrivons au pied du volcan. Ses flancs, lisses et verdoyants, épousent une forme de cône arrondi, semblable à celle qui illustre les livres de géographie de l’école primaire – un archétype du genre. Le cratère, en forme d’entonnoir de plus de 400 mètres de diamètre, est très profond. Pour y descendre, il faut aller à pied par un sentier tortueux au bout duquel a été édifiée une chapelle. Une église à l’entrée de l’enfer. Et l’enfer ne fut pas une légende pour les habitants de la ville de Moz, à une vingtaine de kilomètres au sud, quand elle fut ensevelie sous une couche de lave en 735, lors de l’éruption du volcan, doublée d’un tremblement de terre qui détruisit la cité commerçante la plus riche de la région. “[D]es ténèbres pendant quarante jours”, “toute la vallée fut bouleversée” par l’éruption du Nal Tapa, “[d]ix mille habitants périrent sous les décombres”, écrit Dubois de Montpéreux. Le Tapacidalik était donc capable de terribles éruptions.
Le programme du jour ne permet pas de découvrir le royaume de Vulcain, et c’est avec une pointe de frustration que je dois renoncer à la visite. Mais le minibus donne des signes de faiblesse et la raison commande d’arriver le plus vite possible à Karmrashen, qui apparaît au bout du plateau. La descente vers la vallée de la rivière Herher est un délicieux moment parmi les fleurs. »
(p. 193-195)

Erevan : les transformations d’une capitale qui fut soviétique (p. 46-48)
Le long de l’Araxe (p. 69-70)
Extrait court
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