Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Le syndrome du voyageur :

« Tout voyage, et en particulier celui que l’on effectue en réfléchissant dans un fauteuil, est une volonté tendue vers la découverte du monde. Mais quel monde ? Pour Bret Easton Ellis, la Californie est une terre de vanité et de nihilisme ; la série télévisée “The Shield” présente la zone comme une jungle urbaine ; dans Mulholland Drive, Lynch parle d’une ville mystérieuse et onirique ; Ellroy, dans le Quatuor de Los Angeles, plonge son lecteur dans la mafia et la froideur des décisions rationnelles ; et le film oscarisé La La Land ramène au rêve américain. Combien existe-t-il de Los Angeles ? Quelqu’un peut-il prétendre que ces différentes visions sont fausses et les éliminer l’une après l’autre pour n’en conserver qu’une, forcément vraie, selon la technique de déduction bien connue de Sherlock Holmes ? Si d’aventure je me rendais à Hollywood, ma propre perception serait vraisemblablement un syncrétisme de mes attentes mâtiné de déceptions et de révisions. Mais cet ajustement, cette fixation de la réalité, est-elle vraiment souhaitable ? Il existe un symptôme médical ayant fait l’objet d’études scientifiques qui montre que cette transformation brutale de perception ne se passe pas toujours bien : le syndrome du voyageur. Dans le cas du syndrome de Jérusalem, le visiteur en Terre sainte se voit renversé par ses espérances et peut développer des crises mystiques et des visions. À l’inverse, les Japonais visitant Paris peuvent subir un trauma en raison de l’idéal qu’ils auront projeté dans la ville de l’amour et qui se trouve contré par l’aspect pas toujours idyllique d’une capitale surpeuplée… Dans les deux cas, c’est l’affrontement de réalités dures qui provoque le conflit : il ne semble y avoir de place dans l’esprit humain que pour une réalité à la fois.
Il existe cependant une solution que le voyageur immobile gagnera à mettre en œuvre : considérer la réalité comme étant souple et changeante, une matière malléable, notamment au gré des humeurs intérieures. Lorsque je suis déprimé, même le plus beau paysage se teinte de mélancolie. Si je suis colérique et impatient, j’ignorerai, contrarié et distrait, de nombreux détails qui autrement m’auraient interpellé. Mais rester conscient de ces variations dans mes perceptions me permet de conserver une vision cohérente du monde. Il conviendra également de se méfier de la lutte de pouvoir implicite dans toute réalité. Une phrase qui revient fréquemment lorsqu’un voyageur rentre d’une contrée lointaine résume cela : “Mais en fait, ce n’est pas du tout comme ça !” Dans cette affirmation au demeurant serviable et informative se cache le piège de la perception. Le voyageur, dans un désir de partage de sa propre expérience, peut être prompt à imposer ses impressions aux autres comme une vérité absolue et indiscutable. Mais comment, si quinze romanciers californiens décrivent quinze visions différentes d’un même lieu, un voyageur français pourrait-il saisir la Vérité après un séjour de deux semaines ? Orgueil, toujours, mais surtout maladresse : on ne décrit jamais que ce que l’on a perçu. “There is no alternative”, scandait Margaret Thatcher pour imposer – avec succès – sa propre vision de la réalité ; “There is no reality”, lui répondra avec conviction le voyageur immobile, conscient que pour résister aux luttes de pouvoir dont il est l’enjeu quotidien, son seul salut est de saper leur fondement en se projetant dans l’imaginaire et dans la conscience des possibles. »
(p. 61-64)

Examen de conscience (p. 30-34)
Voyage satellitaire (p. 40-43)
Extrait court
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