Collection « La clé des champs »

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Couverture
Fannie Romezin, piscicultrice à Archiane – Retour aux sources :

« Baptisée à l’eau de l’Archiane : le sort de Fannie Romezin en fut jeté. Elle dirigerait un jour la pisciculture paternelle. Diplômée en aquaculture, elle en a repris effectivement l’exploitation en tant que jeune agricultrice, et a transformé le cabanon de son père, aujourd’hui décédé, en habitation. Fannie élève des truites et des ombles chevaliers. Aquarium fixé dans le coffre de son pick-up, elle livre les restaurants et les magasins, et tient un stand sur les marchés du Diois, satisfaisant une clientèle fidèle : “C’est l’eau pure et fraîche du Vercors qui donne de bonnes truites, précise la jeune femme, mais aussi une alimentation saine et une croissance douce.” Les eaux des sources d’Archiane sont canalisées, et cassées en plusieurs chutes, afin d’être naturellement oxygénées avant d’arriver dans les bassins d’élevage. L’origine de cette pisciculture de montagne remonte au milieu des années 1960. Geoffroy, le père de Fannie, découvrit les sources d’Archiane en se promenant à moto dans le Diois. Il tomba sous le charme du paysage et, observant la vigueur et la clarté du torrent d’Archiane, comprit qu’il venait de dénicher un site idéal pour implanter une pisciculture. À l’époque, le cirque d’Archiane était méconnu. Ulysse Girard, l’ancien, restait le dernier à s’accrocher à cette terre. Son épouse Madeleine s’en amuse encore : “Lorsque je suis arrivée, en 1969, il y avait trois habitants à Archiane, mon futur mari et ses parents. Avec nos deux enfants, nous avons doublé les effectifs !” À partir des années 1980, le tourisme fit sortir le site d’Archiane de l’ombre, révolutionnant le hameau oublié. Des retraités revinrent, des étrangers s’installèrent.
Fond de vallée grandiose, le village est posé au creux d’un cirque dont la falaise monte à la verticale jusqu’au plateau du Vercors, 800 mètres plus haut. On ne peut aller plus loin, sauf à escalader. “Ici, je me sens à ma place, dit Fannie. C’est un choix de vie. Nous n’avons pas de télévision, notre spectacle, c’est le cirque toujours changeant. Notre bonheur, de respirer l’air pur de la montagne, de profiter du calme et d’une vie naturelle.” Par amour pour elle, Nicolas, originaire du Jura, s’est acclimaté. Ils se sont rencontrés à l’INRA de Thonon-les-Bains : lui étudiait la migration des aloses, elle la croissance de l’omble chevalier. Ils eurent beaucoup de petits poissons et offrirent à Archiane, avec leur premier bébé, son treizième habitant. La chapelle du hameau qui avait vu le baptême de Fannie, à la fin des années 1970, a abrité la bénédiction de son mariage. Puis, comme il se doit, Augustin y a été baptisé à l’eau bénite d’Archiane.
Le site appartient à la très vaste commune de Treschenu-Creyers. Treschenu pour trois cheneaux, trois vallées, trois bijoux naturels : le cirque d’Archiane, le vallon de Combau et le col de Menée. Archiane vit au rythme des saisons. Blanc et minéral l’hiver, vert et fleuri au printemps, sec l’été, doré l’automne. En juin, le berger transhumant fait étape avec ses moutons, avant de monter sur le plateau du Vercors. Les beaux jours voient venir la famille et les amis de passage. En été, près de quatre-vingts résidents secondaires s’installent. Et défilent les grimpeurs, les spéléologues, les promeneurs, les pique-niqueurs, les pêcheurs… Puis les visites s’espacent et les résidents secondaires ferment leurs volets. L’hiver, lorsque la falaise ne laisse filtrer le soleil que trois petites heures par jour, seules quelques cheminées fument encore. Demeurent les irréductibles, heureux comme les vrais rois du cirque, dont Kader et Stéphanie, qui tiennent le refuge, et leur petite Apolline. Le cirque d’Archiane attise les passions. Chacun l’aime à sa façon. Mais les aspirations et les usages divergent. “Tout le monde veut Archiane pour lui seul. Au début, j’avais envie de tout acheter, avoue Fannie. Je me suis calmée.” Le temps aujourd’hui est au partage, à la négociation et à l’union des forces pour que vive dans l’harmonie ce petit pays unique. Fannie Romezin, Pascal Girard, le fermier, et Kader Kouidri se sont associés pour accueillir dans le cadre des Fermades du parc du Vercors des repas-spectacles, avec truites au menu. Et les accompagnateurs proposent des randonnées avec des ânes bâtés ou un week-end trappeur, avec raquettes aux pieds et nuit en bergerie. »
(p. 108-115)

L’approche

Ire partie ~ Le mystère des Vosges gréseuses
Jour 1 – Dans l’ombre du lynx
Jour 2 – Le mégalithe et les verriers

IIe partie ~ La langueur de l’Alsace bossue
Jour 3 – La villa, les prisonniers et la souille
Jour 4 – La gare et le terrain de camping
Jour 5 – Les miradors
Jour 6 – Les paroissiennes et la carte
Jour 7 – Eugène, mon arrière-grand-père

IIIe partie ~ L’épaisseur des Vosges moyennes
Jour 8 – Dans la peau du lichen
Jour 9 – Les ruches multicolores
Jour 10 – La forêt volée et les quatorze fontaines
Jour 11 – Les passeurs, les cupules et les éoliennes
Jour 12 – Les gardes forestiers
Jour 13 – Un totem dans les myrtilles

IVe partie ~ L’aplomb des Hautes Vosges
Jour 14 – De cols en balcons
Jour 15 – La ligne bleue
Jour 16 – Les clairières et les motards
Jour 17 – Le théâtre derrière les murets

Ve partie ~ La douceur des Vosges méridionales
Jour 18 – Les méandres
Jour 19 – Les pommes de terre
Jour 20 – Le lavoir, le cailloutis et l’église
Jour 21 – Les finistères

Remerciements ()

Érik Maillefaud, scieur à Mensac – L’âme des bois (p. 78-85)
Extrait court
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