Collection « Sillages »

  • Treks au Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Le long de l’Araxe :

« La nuit est tombée. On allume une ampoule au plafond. Le clair-obscur qui tapisse la pièce forme une ouate douce, faisant apparaître les formes et les mouvements en des fondus enchaînés aux teintes subtiles, comme un tableau intimiste et magique. Ensuite, ensuite seulement, les festivités peuvent commencer. Elles vont durer tard dans la nuit, s’animer de chants sublimes, graves, rauques, des chants du fond des temps, ceux que gardent les Yézidis dans leurs cœurs de déracinés. La main en coquille derrière l’oreille, les yeux fermés, Fayzo et ses cousins chantent, des chants aux paroles spontanées, non écrites, en kurde yézidi et en arménien, qui disent l’amitié entre les deux communautés, des mélodies qui parlent de la vie rude, du travail sans trêve, du plaisir d’être en famille. C’est tout le clan qui s’exprime. En tant qu’hôtes, nous sommes au centre de leur bonheur ce soir. Un cousin de Fayzo, assis à quelques chaises de moi, se met tout à coup à chanter en me regardant, comme pour m’offrir cette mélopée. À cette époque je ne parle que quelques mots d’arménien, mais cela montre à mes interlocuteurs un effort pour entrer en communication avec eux. Mariam traduit ce qui est dit en arménien mais la langue de ces Kurdes reste impénétrable, seule transparaît la musique des mots. Alors, je réponds à ce répertoire vocal par une chanson française. Les enfants ouvrent grand leurs yeux et m’observent timidement. Je souhaite leur offrir un petit bout de France et jette mon dévolu sur un grand classique, Il était un petit navire, certes déroutant pour un pays sans mer, dont j’attaque les premières mesures. Cela me paraît bien insipide mais tous sont touchés par la musique. Les enfants, sans comprendre un traître mot de la chanson, répètent en riant “ja-ja-ja-mais navigué, ohé, ohé”. En réponse, c’est Omar qui se lance, lorsqu’il se souvient d’une récitation apprise en français à l’école : “Dans la classe tout est bien rangé, les livres zé les cahiers…”, émouvant rappel d’une langue que lui-même avait oubliée.
Et puis la soirée avance. Les toasts succédant aux toasts, les plats s’accumulent sur les plats. Du mouton ne reste que quelques morceaux qui vont bientôt disparaître dans une assiette. Mais en même temps, une autre scène se déroule au fond de la pièce, là où la lumière a du mal à pénétrer. Les femmes de la famille, qui ne peuvent pas s’asseoir à la table, chuchotent, esquissent des rires, timidement me regardent. Elles cuisinent les légumes et autres plats, mais les grillades de mouton sont l’affaire des hommes. Le rôle des femmes est de sortir les plats de la cuisine, de les présenter à l’entrée de la grande pièce du repas en attendant qu’un des hommes vienne les récupérer pour les poser sur la table. Alors, j’observe des scènes étranges dans l’obscurité, et j’ai fichtrement envie d’aller rejoindre les cuisinières. »
(p. 69-70)

Erevan : les transformations d’une capitale qui fut soviétique (p. 46-48)
Entre Selim et Arpa, ancienne route de la soie (p. 193-195)
Extrait court
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