Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Construire un feu :

« Le feu protège bien souvent de la mort. L’un des premiers réflexes salvateurs en situation de survie doit donc être d’allumer un feu. Or, parmi les actes primitifs, c’est celui qui nous immerge directement dans le passé. La plus ancienne technique, et par ailleurs l’une des plus complexes à mettre en œuvre, est celle du feu par percussion. Elle consiste à frapper une pyrite ou une marcassite avec un silex et à recueillir une étincelle chaude dans de l’amadou, pour ensuite la transformer en flamme grâce à de l’étoupe. C’est ainsi que nos ancêtres du Paléolithique démarraient un feu… Tâche ardue car minutieuse et qui demande une connaissance des matériaux ainsi qu’un geste appliqué. En 1991, la dépouille parfaitement conservée d’un homme du Néolithique fut libérée par la fonte d’un glacier du Tyrol autrichien. Surnommé Ötzi ou Hibernatus, “l’homme des glaces” est ainsi devenu la plus vieille momie d’Europe. Il portait une besace contenant du silex, de la pyrite et de l’amadou, prouvant ainsi que cet outillage est connu en Europe pour allumer le feu depuis au moins quatre mille cinq cents ans.
Une autre méthode est celle du feu par friction : frotter deux pièces de bois l’une contre l’autre. Afin de réduire l’effort, on utilise un archet pour accentuer la rotation d’une drille – le foret de bois vertical – sur la planchette horizontale où, dans une encoche, la sciure se mue en braise. C’est un passage obligé des stages de survie puisque ça rend le briquet superflu. Mais son apprentissage est aussi à l’origine de fortes émotions : faire naître le feu de ses mains, symbole fort qui nous sort de l’animalité, nous relie à l’histoire et promet de nombreux bienfaits : chaleur, lumière, aliments cuits, eau purifiée…
Au début, le geste est maladroit, et la drille saute. Cent fois, on l’enroule dans la corde de l’archet ; cent fois, on la replace dans l’encoche. Quand on maîtrise enfin le mouvement, que la sciure s’accumule et qu’une odeur de bois sec se fait sentir, on devient distrait en rêvant du feu qui tiendra les fauves à distance et réchauffera le corps. Et déjà le bras fatigue. Tremblant à l’idée d’échouer si près du but, on oublie le geste parfait. Inévitablement, la drille saute hors de l’encoche, atterrit dans l’herbe humide, et il faut tout reprendre… Enfin concentré, le corps est aligné avec l’équipement, l’épaule en surplomb de la planchette donne la force d’appuyer au bon moment en basculant le poids vers l’avant, le poignet calé contre la jambe stabilise l’ensemble et, soudain, le bruit change. Ce n’est plus un grincement forcé, mais le doux frottement de deux bois qui s’emboîtent. Une fumée bleutée s’élève de l’ouvrage, on sait qu’il faut rester appliqué quelques dizaines de secondes et, dans la sciure noire, apparaît un rougeoiement significatif. Avec calme, on pose alors les instruments pour se concentrer sur la braise : on la transfère délicatement dans un nid d’étoupe et lui apporte un filet d’air pour la faire grandir. La fumée s’épaissit, la tension est à son comble : on assiste à la transformation de la chaleur en flammes. On souffle longuement, et l’ouverture du nid est tournée vers la brise : l’étoupe s’enflamme enfin ! À chaque fois, tous les stagiaires bondissent de joie : “On a le feu !”  »
(p. 62-64)

Chemins de traverse (p. 15-17)
Naître une seconde fois (p. 75-77)
Extrait court
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