Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
La vie au grand air :

« En habitant à New Delhi, j’ai découvert un tout autre rapport à la route, aux risques et inéluctablement au monde. Rouler à moto en Inde n’a rien d’un acte de résistance ou d’un symbole de transgression. C’est même l’opposé, une manière de se fondre dans la masse, de prendre le pouls du pays. Pour ne pas être totalement déboussolé, il convient d’adopter la philosophie locale : la loi du nombre règne dans le sous-continent indien. Au milieu de plus d’un milliard d’êtres humains, la valeur de l’existence ne pèse pas autant que dans nos sociétés occidentales, d’autant que, dans la pensée hindouiste, les notions de karma et de réincarnation impliquent une notion de responsabilité individuelle face à ses actions.
Dans la ville aux 20 millions de vies, les paysages sont la foule et la présence humaine s’impose dans une sorte de chaos organisé. Encore davantage à moto, où rien ne nous coupe du monde, à la différence de la voiture où l’on se blottit comme dans un cocon qui nous sépare des autres et de leur proximité : on prend tout de plein fouet, la brume, la chaleur et les senteurs extrêmes. J’embrasse corps et âme le désordre des vieilles pierres et du ciment, les piétons indifférents aux sons tonitruants des klaxons polyphoniques, les dos-d’âne et nids-de-poule, les chars à bœufs doublant les vaches, l’odeur des moteurs deux-temps des Yamaha RX, les camions Tata souffreteux, les bus multicolores aux toits garnis de passagers. Je suis frappée par la beauté assourdissante de cette ville, de ces gens, cette foule cosmopolite, intense et bigarrée. À deux-roues, on peut réellement s’en imprégner, saisir la beauté brute et poussiéreuse, la lumière douce et chaude, les regards inextinguibles et la joyeuse effervescence d’une ville mal aimée, où tout est possible. Tout à la fois. Si les Occidentaux pilotent à l’œil, les Indiens préfèrent conduire à l’oreille ; en fonction du bruit émis par son véhicule, on est prioritaire ou non. Pour ne pas me laisser engloutir dans la marée urbaine, j’appréhende les rues de la capitale comme un espace ludique et j’apprends à m’affirmer sans hésitation. S’extraire du trafic revient à se faufiler comme un reptile dans une jungle dense où résonne la cacophonie des klaxons. La musique de mon monocylindre crée un lien avec cette cité tentaculaire, j’appose mon timbre de baryton dans ses avenues encombrées à coups d’accélérateur. Me voilà devenue accro à ce rituel quotidien qui rend chaque déplacement délicieusement frénétique. À Paris ou à Delhi, la moto permet de dévorer les embouteillages d’un coup de gaz dans une routine citadine en ayant l’impression de s’extraire de l’asphyxie générale. Rouler offre bien plus que cela : c’est un appel à la vie au grand air, à l’évasion, un désir de voir le monde autant que de s’en échapper. »
(p. 32-34)

Premiers tours de roue (p. 14-16)
Contradictions (p. 64-66)
Extrait court
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