Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Les trois phases de l’apprentissage :

« Pour les Japonais, la faculté d’apprentissage passe par trois étapes : corporelle, mentale et intégration du corps et de l’esprit. On les appelle taihen, kûden et shinden, et quel que soit l’objet d’étude l’amateur doit passer par ces trois étapes.
Pendant la période d’apprentissage corporel (taihen), le pratiquant répète longtemps et souvent seul des séries de mouvements jusqu’à ce qu’ils soient mémorisés par le corps, à défaut de l’être par l’esprit. Ces répétitions lui paraissent souvent inutiles ; pourtant, c’est de la qualité de cette phase d’intégration physique que va dépendre la qualité de ses bases. À ce niveau, seul le corps physique est impliqué. Il ne s’agit que de mécanique, à la limite de l’acte réflexe, et qu’il va falloir “nourrir” de son expérience et de ses erreurs, afin de le rendre efficace et non-dommageable pour son émetteur. Peu de temps après que j’ai commencé la pratique au Bujinkan, l’un de mes collègues de bureau, voulant sans doute tester mes réflexes, m’attaqua par surprise. Il me sauta dessus par-derrière sans prévenir, et mon corps réagit en descendant au sol de façon fluide et naturelle. Saisissant le vide, mon collègue s’affala de tout son long sur la moquette. À cette époque, je m’entraînais beaucoup et, même si je n’y comprenais rien, mon corps avait commencé à acquérir une certaine réactivité naturelle.
Vient ensuite la phase de développement de l’expérience (kûden), où le pratiquant expérimente les mouvements difficilement appris, se trompe, corrige ses erreurs et progresse. Il tente désormais d’y mettre du sens. Lors d’un cours, j’expliquai à mes élèves la posture à prendre quand on est désarmé face à un sabre. Dans cette posture le bras arrière est replié comme si on tenait un combiné téléphonique à l’oreille. Quand l’attaque arriva, mon corps esquiva mais mon coude fut frappé à pleine vitesse. Ce fut un douloureux kûden. Depuis ce jour, mon coude est toujours dirigé vers le sol, l’échec cuisant a été intégré. Shikin haramitsu daikômyô ! Bien que, durant cette phase, le pratiquant puisse apprendre seul, il sera souvent corrigé par son sensei. C’est à partir de ce moment-là que la relation maître /disciple s’établit réellement.
La forme (taihen) et l’expérience (kûden) étant intégrées, on passe alors à l’adéquation du corps et de l’esprit (shinden). La forme initiale s’assimile aux actions naturelles quotidiennes. Le mot shin en japonais a le triple sens de “cœur”, d’“esprit” et de “divinité”. Le terme den, quant à lui, signifie “palais” ou “transmission”. L’état de shinden est atteint quand le mouvement est tellement intégré au corps que l’acte physique ne passe plus par la pensée et devient une seconde nature.
Ces trois phases sont consécutives et répétitives, et ressemblent à l’apprentissage du vélo. Même si cela fait dix ans que vous n’êtes pas monté sur une bicyclette, cela revient immédiatement. La capacité à faire du vélo a été acquise dès votre plus jeune âge, au niveau du taihen/corps (vos genoux s’en souviennent). Puis de chute en chute, de virage trop serré en virage trop serré, le kûden/expérience est venu limiter vos erreurs. Enfin, vous déplacer à vélo vous est devenu aussi naturel (shinden) que respirer, marcher ou penser. »
(p. 58-61)

“Mon parcours martial” (p. 24-28)
Le yin-yang (p. 73-75)
Extrait court
© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.