Collection « La clé des champs »

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Couverture
Érik Maillefaud, scieur à Mensac – L’âme des bois :

« L’homme est du bois dont on fait les Diois. Franc, droit, solide. Érik Maillefaud débite des résineux de pays dans sa scierie, travaille sur le terrain avec les bûcherons, inspecte les sous-bois pour ramasser des champignons, part à l’affût, fusil à l’épaule, ou grimpe à travers la forêt, en randonnée, pour rejoindre les plateaux d’altitude. Sans artifice. Tout bois et bon vivant. Et s’il se trouve une famille du terroir, c’est bien la sienne. Un hameau du village voisin de Glandage porte même son nom. La scierie d’Érik, connue au-delà du Diois, notamment pour son mélèze local, est implantée dans le creux de Mensac, hameau de Treschenu-Creyers, qui compte dix-neuf habitants. À l’intersection des routes du col de Grimone et du col de Menée, au milieu des montagnes et des bois, une roue à aubes qui remonte à Napoléon III fait tourner sa scierie fréquentée par les ébénistes et les charpentiers locaux, mais également par les particuliers, agriculteurs construisant une remise ou néoruraux réhabilitant une vieille ferme. Troisième génération de scieurs, Érik est fier d’exploiter un outil légué par les anciens et d’exercer un métier qui a du sens. La scierie, c’était une idée de son grand-père, qui avait agrandi le canal puis installé les aubes pour l’activer. Érik apprécie autant de côtoyer les forestiers lorsqu’ils débardent avec des chevaux de trait les coupes les plus escarpées que de choisir au mieux le bois pour tel ou tel client, tel ou tel usage. Il travaille sans intermédiaire, en cohérence, de l’arbre à la planche, débitant sur mesure du mélèze pour une terrasse ou les piquets en pin noir traité pour un nouveau vignoble.
Traditionnellement, le repas dominical rassemble à Mensac les frères et sœurs Maillefaud et leurs familles. C’est-à-dire une ribambelle de cousins. Mais c’est en catimini qu’Érik et son épouse Huguette, tandem de naturalistes passionnés, empruntent les sentiers méconnus du Glandasse, admirant au passage sabots-de-Vénus et bouquetins, pour emplir leurs besaces. Ces glaneurs, riches d’une connaissance intime de leur environnement, fouillent discrètement les zones propices aux morilles. Ou, selon la saison, dénichent bolets, rosés des prés, framboises et mûres. Et lorsque cuisent leurs fameuses truites aux girolles, c’est du bonheur. Où trouve-t-on des girolles ? Par-là, pas loin, explique Érik, un grand sourire aux lèvres et le geste vague. Pour se faire pardonner de ne pas divulguer l’emplacement des coins à champignons, il communique volontiers la recette de son vin de noix. Les fruits sont ramassés, au mois de juin, vers la Saint-Jean, encore verts et tendres. On doit faire macérer en bonbonne : 40 noix, coupées en quatre, dans 4 litres de vin rouge et 1 litre d’eau-de-vie, avec 40 morceaux de sucre, durant 40 jours, puis filtrer avant de mettre en bouteilles. Il faut attendre les fêtes de fin d’année pour consommer cet apéritif tannique et bienfaisant, aux arômes puissants. Mais plus il vieillit meilleur il est. Dans les familles dioises, c’est l’apéritif de rigueur.
Dès qu’il cesse le travail, Érik marche dans la montagne. À l’aube, sac au dos, il part en randonnée avec son meilleur ami, médecin à Die. Ou alors il prend son fusil et s’en va, le plus souvent en solitaire. Grand chasseur de coq de bruyère, il en a tué six dans sa vie : ses plus beaux souvenirs. Depuis que l’espèce s’est raréfiée, il s’est rabattu sur la bécasse, autre traque délicate où l’animal conserve ses chances. Comme tous les chasseurs respectueux de l’environnement et du gibier, Érik a un principe : il ne prélève que ce qu’il mange et mange tout ce qu’il chasse. Quand on lui demande d’évoquer son lieu préféré du Diois, il s’envole sur la montagne du Glandasse : Bénevise, Tussac, alpages et sites peu fréquentés. Mais il est un autre lieu magique, plus loin encore de la civilisation. De Glandage, Érik Maillefaud marche trois heures (quatre ou cinq pour ceux qui n’ont pas son rythme) et découvre un hameau abandonné nommé Beau-Buisson. Un site parmi les plus sauvages et les plus tranquilles du haut Diois. On imagine ce que fut la vie des quelques familles d’agriculteurs qui vivaient sur cette montagne, uniquement approvisionnée à dos de mule. »
(p. 78-85)

L’approche

Ire partie ~ Le mystère des Vosges gréseuses
Jour 1 – Dans l’ombre du lynx
Jour 2 – Le mégalithe et les verriers

IIe partie ~ La langueur de l’Alsace bossue
Jour 3 – La villa, les prisonniers et la souille
Jour 4 – La gare et le terrain de camping
Jour 5 – Les miradors
Jour 6 – Les paroissiennes et la carte
Jour 7 – Eugène, mon arrière-grand-père

IIIe partie ~ L’épaisseur des Vosges moyennes
Jour 8 – Dans la peau du lichen
Jour 9 – Les ruches multicolores
Jour 10 – La forêt volée et les quatorze fontaines
Jour 11 – Les passeurs, les cupules et les éoliennes
Jour 12 – Les gardes forestiers
Jour 13 – Un totem dans les myrtilles

IVe partie ~ L’aplomb des Hautes Vosges
Jour 14 – De cols en balcons
Jour 15 – La ligne bleue
Jour 16 – Les clairières et les motards
Jour 17 – Le théâtre derrière les murets

Ve partie ~ La douceur des Vosges méridionales
Jour 18 – Les méandres
Jour 19 – Les pommes de terre
Jour 20 – Le lavoir, le cailloutis et l’église
Jour 21 – Les finistères

Remerciements ()

Fannie Romezin, piscicultrice à Archiane – Retour aux sources (p. 108-115)
Extrait court
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