Collection « Sillages »

  • Treks au Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Dans la peau du chamelier :

« Depuis quelques jours, je ne songe même plus à l’arrivée, mais souhaite simplement sortir au plus vite de cet enfer minéral. Je ne sais pas encore quand je déciderai d’arrêter cette marche forcée, cette traversée, cette folie. Je sais seulement qu’il me reste encore un peu de ressources pour me battre et poursuivre. Je ne suis pas encore à terre. Je veux aller le plus loin possible, avancer sans relâche. Le mouvement perpétuel est un des principes de survie en méharée. J’aimerais tellement atteindre la mer et poser enfin mes yeux sur une étendue verte ! Depuis trop de mois, je ne vois que du jaune et du bleu entre terre et ciel.
Mes trois dromadaires sont fatigués. Azaref, le meneur du petit groupe, me suit maintenant depuis 1 400 kilomètres. Il est blessé par les frottements permanents de sa selle et son sang s’est épaissi sous la déshydratation forcée que je lui impose depuis ces semaines de compagnonnage. Il ne tiendra peut-être pas jusqu’au prochain puits, distant d’environ 240 kilomètres, en plein milieu du Ténéré. Ce matin avant de partir, je lui ai fait ingurgiter de force un dopant local en lui versant dans les naseaux un mélange liquide de tabac et de natron, en espérant que cela lui donne un bon coup de fouet.
En route ! Notre prochain objectif : atteindre le puits situé au sud-ouest des falaises d’Achegour avant de remonter progressivement vers le 20e parallèle.
Nous repartons autour de 15 heures ; la chaleur n’est pas retombée, néanmoins il faut continuer, avancer d’une vingtaine de kilomètres encore avant la nuit. Les réserves d’eau embarquées me permettront tout juste d’arriver au prochain puits. Je les limite cette fois volontairement à 60 litres pour ne pas surcharger inutilement mes animaux épuisés et être plus rapide. À partir de demain, j’espère parcourir au moins une trentaine de kilomètres par jour, sachant qu’avec cette chaleur, je serai obligé de faire une courte pause en milieu de journée, aux heures les plus brûlantes, pour ne pas trop accentuer la déshydratation de mes compagnons d’infortune. Comme ils ne sont pas au meilleur de leur forme, je dois les préserver et les garder en vie, gage évident de ma survie. Le métier de chamelier n’est pas simple. Il se situe au-delà de la spécialité de méhariste et demande des compétences plus importantes. Baraquer, charger et monter ses dromadaires pour une progression saharienne, tout le monde peut le faire. L’apprentissage n’est pas long : en quelques jours, on peut acquérir les bases et parfaire par la suite son expérience en fonction des différents types de terrains et d’écosystèmes. Le métier de chamelier est plus complexe : il faut apprendre à anticiper les besoins des animaux que l’on entraîne avec soi dans des conditions extrêmes, savoir pousser les limites de leur physiologie et de leur volonté dans leurs derniers retranchements. On n’embarque généralement aucune réserve d’eau pour eux. Il faut alors faire face à leur déshydratation, qui s’accentue inexorablement au fil du temps, en fonction des impératifs de la marche nécessaire pour atteindre le puits suivant. Il faut savamment doser leurs efforts pour ne pas brusquer leur biorythme et malmener leur métabolisme, tout en instaurant une confiance qui doit être réciproque et entière. Les dromadaires ne sont pas stupides : ils vous observent en permanence, que ce soit dans le choix du lieu de bivouac ou de l’itinéraire décidé en fonction des difficultés du terrain. Si vous ne remplissez pas votre part du “contrat”, qui est de les maintenir en vie jusqu’au bout pendant qu’eux se chargent du portage, alors ils vous abandonneront sans pitié ni état d’âme. Et ce sera chacun pour soi dans une situation critique qui, pour le chamelier, atteindra rapidement son seuil viable. »
(p. 21-22)

Désert vivant (p. 51-53)
Les mineurs de Taoudenni (p. 174-175)
Extrait court
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