Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
“Mon parcours martial” :

« Personnellement, mon voyage a débuté un jeudi après-midi de septembre 1969, au beau milieu d’un épisode de Zorro. J’avais 10 ans, une légère tendance à l’embonpoint et à la paresse. Assis devant la télévision, je venais de dire à ma mère que mon meilleur ami avait décroché sa ceinture orange de jûdô. Comme elle crut percevoir une attente de ma part et qu’elle ne cherchait qu’une occasion pour me faire bouger, elle m’arracha au vengeur masqué et me traîna au club de jûdô le plus proche. La salle, bruyante, sentait les pieds et la transpiration ; elle était remplie d’enfants en kimono blanc courant et gesticulant en tout sens, sous l’œil benoîtement admiratif de leurs parents. Cela me plut immédiatement. Sans le savoir, je venais d’entamer un chemin initiatique qui me prendrait tout le restant de ma vie.
Quelque dix années plus tard, je décrochai coup sur coup mon bac, mon permis de conduire et ma ceinture noire. J’entamai ensuite une période bénie pendant laquelle, en école de commerce, je pus pratiquer “mon” jûdô à raison de quinze heures par semaine. Je préparais activement le professorat en parallèle à mes études de commerce car je voulais garder une activité physique de loisir à côté de mon vrai métier.
À cette époque, où que j’aille, mon kimono était avec moi ; avec le recul, je peux dire que j’étais “tatamisé”, largement influencé par les écrits de Jean-Lucien Jazarin, grand judoka français, et de Jigorô Kanô. Par ailleurs, mes années de pensionnat catholique m’ayant donné une certaine sensibilité spirituelle, je me sentais de plus en plus attiré par les philosophies orientales et le bouddhisme zen.
Bien que judoka par choix, j’avais dû renoncer à ce sport pendant les quelques mois que je passai aux États -Unis dans le cadre de mes études, car il n’y avait pas de cours de jûdô dans la petite ville de Californie où je résidais. En revanche, j’y découvris le jûjutsu traditionnel et le pratiquai tous les jours. Cette expérience inopinée modifia drastiquement ma compréhension des objectifs de l’art martial et je commençai surtout à comprendre que je n’avais rien compris jusque-là. Mon amour total pour le jûdô laissa progressivement la place à un attrait profond pour les pratiques martiales et guerrières anciennes, attirance diffuse qui se confirma un an plus tard à l’armée. Élève officier à Coëtquidan, je remportai le championnat de jûdô des écoles militaires toutes catégories puis, instructeur dans les troupes de marine, j’appliquai avec succès sur mes hommes mes compétences martiales acquises au jûdô et au jûjutsu.
Ma découverte tardive du jûjutsu a déterminé l’évolution de mes choix martiaux. J’avais compris que les pratiques guerrières anciennes avaient dû évoluer vers des pratiques sportives afin d’en limiter les risques d’accident, mais aussi que cette dimension sportive ne m’attirait plus et qu’elle avait été remplacée par quelque chose d’indéfinissable qui avait existé inconsciemment en moi durant toutes ces années passées sur les tatamis : une attitude, une façon de vivre alliant le corps et l’esprit en un tout indissociable. L’esprit des arts martiaux qui m’avait accompagné depuis l’âge de 10 ans, et qui avait fondé mon amour pour l’entraînement, avait été sacrifié sur l’autel du sport. Il était temps de me recentrer et d’aller dans la direction qui avait animé inconsciemment ma vie de jeune pratiquant.
C’est en abandonnant pendant quelques mois mes rêves d’arts martiaux au profit de ma vie professionnelle que je me rendis compte, grâce à la sensation de manque, de la place centrale que cela avait tenu dans ma vie et de son importance dans mon équilibre personnel. Sans exutoire physique, je devenais agressif et peu aimable. Je me décidai alors à reprendre une discipline différente du jûdô sportif, et me mis à la recherche d’un art martial authentique plus traditionnel qui, en plus de l’apprentissage des techniques, saurait véhiculer des valeurs humaines.
Le hasard – mais le hasard existe-t-il en ce domaine ? – m’amena à pousser la porte du Bujinkan Ninpô Taijutsu, où je suis toujours vingt-cinq ans après. En fait, je voulais d’abord essayer le fameux ninjutsu. Alors que je me destinais à la pratique du sabre, j’avais été étonné de trouver des kimonos ninja dans un magasin parisien, et d’apprendre qu’un club existait à Paris. Je m’y présentai revêtu de mon kimono de jûdô blanc et de ma ceinture noire, surtout pour tester ce que je croyais être une arnaque. Avec le recul, je ne comprends pas ce qui a pu m’y attirer : le professeur avait mon âge, le nombre des techniques était limité ; pourtant, je ressentis un appel irraisonné et insensé, et m’inscrivis sans hésiter à la fin du cours. »
(p. 24-28)

Les trois phases de l’apprentissage (p. 58-61)
Le yin-yang (p. 73-75)
Extrait court
© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.