
Des cerisiers sur la colline :
« Après avoir admiré les pins noirs poussant sur un promontoire du nom de Nakaiwa-no-matsu, qu’admirait déjà l’empereur Chôkei (1343-1394) lors de ses chasses, nous traversons la rivière et pénétrons l’univers de la forêt et de la montagne en suivant un vallon encaissé. Une large clairière s’ouvre : nous longeons des rizières et de paisibles maisons. Comme si souvent à la campagne, il n’y a pas âme qui vive. Une sente caillouteuse s’engouffre ensuite dans les taillis. Après une ascension au beau milieu des cèdres, nous faisons soudainement face à une imposante cascade.
— Elle fait une douzaine de mètres de haut, me dit Yoshi. Vous connaissez Hokusai ?
— Le célèbre peintre ? Oui, bien sûr.
— Vers 1832, il a immortalisé ce lieu par une œuvre intitulée La Chute d’eau où Yoshitsune a lavé son cheval à Yoshino dans la province de Yamato. Mais le maître ne se serait pas déplacé lui-même en ce lieu, me confie Yoshi avec un sourire malicieux. Il aurait exécuté son tableau selon des descriptions qui lui furent fournies.
Yoshi se révèle de plus en plus loquace. Lors d’une pause, il me confie qu’il est un simple employé de bureau mais occupe son temps libre en travaillant comme guide.
— Vous parlez si bien anglais, dis-je, admiratif, que vous avez sans doute vécu à l’étranger.
— Non, non. J’ai appris moi-même, grâce à des cours du soir.
Yoshi appartient à cette catégorie de Japonais qui rencontrent peu d’étrangers, aussi se donne-t-il à fond en tant que guide.
Remonter sur la colline nous occupe une quarantaine de minutes. À un col, un panneau mentionne la présence d’ours dans les environs. La nature, si paisible au premier abord, est potentiellement dangereuse : ours (dans l’archipel nippon, 150 attaques d’ours dont 5 mortelles ont été recensées cette année), serpents dont la redoutable vipère mamushi, et frelons géants (suzumebachi) dont le venin peut engendrer un choc anaphylactique. Aujourd’hui cependant, aucune mauvaise rencontre ! Nous suivons paisiblement la crête boisée qui nous conduit, après une courte marche, au cœur d’une plantation de cerisiers dont les branches nues ne conservent que de rares feuilles tachetées d’orange et de rouge. Une route mène ensuite au temple du Nioirin-ji, sur le flanc de la colline faisant face à Yoshino. C’est un temple silencieux comme il en existe des milliers au Japon. Selon Yoshi, le Japon compterait encore quelque 76 000 temples bouddhistes et 84 000 sanctuaires shintoïstes. »
Où les dieux descendirent sur terre (p. 101-103)
Danse autour du volcan (p. 137-139)
Extrait court
« Après avoir admiré les pins noirs poussant sur un promontoire du nom de Nakaiwa-no-matsu, qu’admirait déjà l’empereur Chôkei (1343-1394) lors de ses chasses, nous traversons la rivière et pénétrons l’univers de la forêt et de la montagne en suivant un vallon encaissé. Une large clairière s’ouvre : nous longeons des rizières et de paisibles maisons. Comme si souvent à la campagne, il n’y a pas âme qui vive. Une sente caillouteuse s’engouffre ensuite dans les taillis. Après une ascension au beau milieu des cèdres, nous faisons soudainement face à une imposante cascade.
— Elle fait une douzaine de mètres de haut, me dit Yoshi. Vous connaissez Hokusai ?
— Le célèbre peintre ? Oui, bien sûr.
— Vers 1832, il a immortalisé ce lieu par une œuvre intitulée La Chute d’eau où Yoshitsune a lavé son cheval à Yoshino dans la province de Yamato. Mais le maître ne se serait pas déplacé lui-même en ce lieu, me confie Yoshi avec un sourire malicieux. Il aurait exécuté son tableau selon des descriptions qui lui furent fournies.
Yoshi se révèle de plus en plus loquace. Lors d’une pause, il me confie qu’il est un simple employé de bureau mais occupe son temps libre en travaillant comme guide.
— Vous parlez si bien anglais, dis-je, admiratif, que vous avez sans doute vécu à l’étranger.
— Non, non. J’ai appris moi-même, grâce à des cours du soir.
Yoshi appartient à cette catégorie de Japonais qui rencontrent peu d’étrangers, aussi se donne-t-il à fond en tant que guide.
Remonter sur la colline nous occupe une quarantaine de minutes. À un col, un panneau mentionne la présence d’ours dans les environs. La nature, si paisible au premier abord, est potentiellement dangereuse : ours (dans l’archipel nippon, 150 attaques d’ours dont 5 mortelles ont été recensées cette année), serpents dont la redoutable vipère mamushi, et frelons géants (suzumebachi) dont le venin peut engendrer un choc anaphylactique. Aujourd’hui cependant, aucune mauvaise rencontre ! Nous suivons paisiblement la crête boisée qui nous conduit, après une courte marche, au cœur d’une plantation de cerisiers dont les branches nues ne conservent que de rares feuilles tachetées d’orange et de rouge. Une route mène ensuite au temple du Nioirin-ji, sur le flanc de la colline faisant face à Yoshino. C’est un temple silencieux comme il en existe des milliers au Japon. Selon Yoshi, le Japon compterait encore quelque 76 000 temples bouddhistes et 84 000 sanctuaires shintoïstes. »
(p. 46-47)
Où les dieux descendirent sur terre (p. 101-103)
Danse autour du volcan (p. 137-139)
Extrait court