Les FacĂ©ties du stop, Petit embarquement pour l’aventure et les rencontres sur le pouce
Siméon Baldit de Barral
Quelle lubie s’empare du voyageur qui, de longues heures durant, tend son pouce gaillardement au bord de la route ? Que cherche-t-il en ces temps oĂą le dĂ©placement est devenu une formalitĂ© expĂ©diĂ©e à la faveur d’offres de service concurrentielles et de moyens de locomotion toujours plus rapides et directs ? Braverait-il l’indiffĂ©rence et les intempĂ©ries pour de simples raisons pĂ©cuniaires ? En patientant, un pied sur le bitume, l’autre dans les herbes du bas-cĂ´tĂ©, il se remĂ©more ses expĂ©riences passĂ©es : il a vĂ©cu tant d’anecdotes qu’il est assurĂ© de ne jamais manquer d’histoires à raconter. Du sympathique cocaĂŻnomane au vigile en baggy, du chef d’entreprise au hippie, du camionneur roublard à l’Ă©nergique mère de famille, il part tendre l’oreille à d’improbables histoires de vie. DĂ©jà, il pressent que le prochain trajet tiendra sa promesse d’attente anxieuse – qu’un simple coup de frein vient dĂ©licieusement rompre –, de rencontres improbables et d’apprentissage exaltant. C’est cette initiation progressive au monde qui rend l’auto-stoppeur amoureux de l’imprĂ©visible. Sur les routes des cinq continents toute situation vĂ©cue grâce à l’auto-stop devient objet de rĂ©flexions fĂ©condes. Au fil des Ă©tapes, les rĂ©flexes se forgent, indispensables pour concilier l’incertitude et l’ambition d’atteindre une destination, entre le don et l’accueil, entre la sĂ©curitĂ© et l’abandon : l’auto-stoppeur cherche sans cesse la posture la plus juste. Comment, en effet, dans un monde qui s’individualise et se crispe, peut-on porter toujours plus haut la bannière de la fraternitĂ©, de la confiance et du partage, valeurs maĂ®tresses du stop ?