La SimplicitĂ© du kayak, Petites leçons d’Ă©quilibre et d’intimitĂ© avec l’Ă©lĂ©ment marin
Frédéric Gilbert
SitĂ´t que le kayakiste a passĂ© ses jambes dans l’hiloire, rabattu sa jupe et franchi la barre d’Ă©cume, il fait corps avec son embarcation. Il ne relève pas totalement du monde marin, car il lui faudra encore se ravitailler, marquer des pauses et dresser le bivouac, mais il Ă©chappe aux rĂ©alitĂ©s terrestres. BercĂ© par le clapot et la plongĂ©e rĂ©gulière de sa pagaie, c’est à ses bras qu’il confie dĂ©sormais sa motricitĂ© et, le regard fixĂ© vers un cap, glisse sur la mer toujours recommencĂ©e. Battures, courants, houle et vagues le remplissent-ils d’effroi ? Les amers, les golfes, les Ă®les et les promontoires le comblent de joie. Sa connivence avec le monde aquatique n’en serait-elle pas dĂ©cuplĂ©e ? Il en frĂ©quente dĂ©sormais les habitants – alques, balbuzards, marsouins et phoques –, dont il s’approche lancĂ© sur son erre. Et son regard ne gagne-t-il pas en acuitĂ© ? Un animalcule – mĂ©duse ou krill –, un herbier de posidonies ou une laminaire, capte son attention. Observateur attentif, voire parfois craintif du ciel, en osmose avec l’Ă©lĂ©ment liquide, il devient aussi un remarquable connaisseur du littoral. FouettĂ© par le vent, ballottĂ© par l’ocĂ©an, il rĂ©apprend à aimer la terre.