La Grâce de l’escalade, Petites prises de position sur la verticalitĂ© et l’Ă©lĂ©vation de l’homme
Alexis Loireau
L’escalade n’est plus considĂ©rĂ©e comme un simple entraĂ®nement en vue de gravir des sommets. Comment s’est opĂ©rĂ©e la mĂ©tamorphose qui, dans les annĂ©es 1980, avec les danses verticales de Patrick Edlinger, a fait passer cette activitĂ© secondaire au rang de pratique sportive et artistique à part entière, totalement nouvelle et plus populaire que l’alpinisme classique ? L’escalade moderne – la ? grimpe » – est devenue une fin en soi, une ascension dĂ©barrassĂ©e de tout objectif sinon celui de la perfection du geste. Jouer avec la pesanteur et apprivoiser le vide dans le but d’Ă©voluer le long de parois de plus en plus lisses ou dĂ©versantes, selon ses propres forces et sa propre intelligence, avec grâce, prĂ©cision et souplesse, constitue à prĂ©sent un vĂ©ritable art de vivre. Que ce soit sur des blocs de grès à Fontainebleau ou Rocklands, sur des falaises calcaires comme à CĂ©ĂĽse, Rodellar et Kalymnos, ou au flanc des immenses murs granitiques du Yosemite, celui qui adopte la discipline et rejoint la communautĂ© des nomades amoureux du rocher se lance dans une longue quĂŞte existentielle, qui lui fera dĂ©couvrir les plus beaux endroits de la planète, expĂ©rimenter des sensations toujours nouvelles et repousser sans cesse ses limites jusqu’à devenir, avant tout et pour son plus grand bonheur, un grimpeur de corps et d’esprit.