Collection « Visions »

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Couverture

Himalaya, Visions de marcheurs des cimes
Sylvain Tesson


En parcourant l’Himalaya du Yunnan au Tadjikistan, via le Bhoutan, le Népal et le Tibet, Alexandre Poussin et Sylvain Tesson s’inscrivent dans la tradition des explorateurs érudits et épris d’aventure, qui faisaient peu de cas des frontières interdites. Leur moisson d’images traduit la richesse et la diversité des écosystèmes himalayens : jungles étouffantes et cols glacés, immenses plateaux désertiques et versants cultivés en terrasses? Par-delà la stupéfiante beauté des paysages se dessine un ensemble géographique à la fois complexe et cohérent, tout au long de la ligne imaginaire reliant les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres que les deux voyageurs ont choisi de suivre.
Leur traversée à vélo et à pied, sur 5 000 kilomètres d’est en ouest, permet aussi de découvrir un foisonnement d’ethnies isolées, enracinées dans les vallées d’altitude. Alexandre Poussin et Sylvain Tesson ont bu le thé au beurre avec les Sherpas et apprécié la tsampa des Ladakhis, bivouaqué à la belle étoile auprès de bergers cachemiris et cheminé avec des yackiers afghans. Tous, par leur hospitalité naturelle, ont répondu au dénuement volontaire des deux marcheurs qui, pour mieux se jouer des distances et des innombrables dénivelés, n’emportaient ni tente, ni vivres, ni réchaud. Forts de leur expérience originale, de leurs études et de leurs lectures, ces auteurs enthousiastes nous livrent ici un panorama vivant et documenté des mondes himalayens.

Avec une préface par : Émeric Fisset

« Yunnan, “Sud nuageux”,
Bhoutan, “Pays du Dragon”, et Sikkim, “Pays caché”,
Himalaya, “Demeure des neiges”,
Chomolongma, déesse-mère, et Tibet, Toit du monde.
Ces noms et leurs vibrantes consonances sont à l’origine du désir de voyage d’Alexandre Poussin et de Sylvain Tesson. Sans doute aussi les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres que compte l’Himalaya leur ont-ils donné matière à rêver, d’autant que les falaises d’Île-de-France et les aiguilles de Chamonix ne suffisaient plus à assouvir leur passion pour l’escalade. Nourris par la lecture du Kim de Kipling, du Voyage d’une Parisienne à Lhassa d’Alexandra David-Néel et des Cavaliers de Kessel, les deux amis se promettent d’aborder les grands espaces et de frôler les hautes cimes. Ils entreprennent d’abord un tour du monde à vélo, via la Chine et le Népal notamment, puis une marche transhimalayenne. Comme la distance à couvrir est grande, et courte la saison estivale entre l’arrivée de la mousson sur le flanc sud et des froids continentaux au nord, il faut faire vite, marcher léger. En chemin, pas de paroles inutiles. Le secret de leur réussite tient à ce qu’ils se relaient, Sylvain est du matin, Alexandre du soir, et que chacun reste conscient qu’il doit son succès à l’autre sur la piste ardue. Cette complémentarité, éprouvée au sein de la cordée, leur sert dans tous les domaines : tacitement, ils se répartissent les tâches d’orientation, d’intendance et de contacts avec les populations ou de négociations avec les autorités. Ils se heurtent aussi aux réalités politiques, frontières interdites ou zones fermées, par exemple entre le Humla népalais et le Ladakh indien, ou bien dans le Wakhan afghan. Curieusement, la ligne de cessez-le-feu entre Uri et Muzzafarabad sera un obstacle plus difficile à franchir que les crevasses du col de Darkot ou la cascade de glace du col de Tachi Lepcha, à 5 797 mètres d’altitude. Six mois durant, Alexandre et Sylvain vivent au rythme de la montagne et de ses habitants isolés. Éleveurs nomades des confins népalais ou pakistanais, caravaniers du sel, brahmanes ou lamas, tous aident à poursuivre leur chemin ceux qu’au vu de la modestie de leur équipement ils prennent pour des pèlerins.
Il faut avoir écouté les voyageurs, de retour, évoquer les ascètes des grottes des rives du lac Manasarovar et le “Précieux Joyau” des Tibétains, les avoir vu pointer sur la photographie du versant méridional du même Kailash la balafre qu’aurait laissée l’éclair de Sakrasamvara, et rappeler comment la soif les étreignit sur l’immense glacis aride de cette montagne sacrée, où naissent pourtant le Sutlej, l’Indus et le Brahmapoutre, pour comprendre que, tout comme l’Himalaya témoigne à livre ouvert de la géologie des premiers âges, Alexandre et Sylvain témoigneront longtemps encore du bonheur et de la fascination extrêmes qu’ils connurent à son endroit. »

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