Collection « La clé des champs »

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Couverture
Bruno Cuerva, garde du parc du Vercors – La montagne à cœur :

« D’autres attendent les vacances. Bruno Cuerva, lui, parcourt la Réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors pendant ses heures de travail. À pied ou à ski, selon la saison. “J’ai plusieurs bureaux : le cirque d’Archiane, le vallon de Combau et le Glandasse”, dit-il pour rendre jaloux les citadins. Bruno est né à Die : “Petits, nous descendions la Drôme sur des chambres à air, grimpions aux cerisiers, explorions les grottes. Puis, à l’école et au collège, nous avons été initiés au ski, à l’escalade, à la spéléologie, au kayak…” Le Diois incite ses enfants à apprécier la nature. Bruno, profondément montagnard, a beaucoup marché à travers d’autres massifs, mais toujours gardé le Diois pour camp de base. Il aime cette montagne habitée, partagée avec les randonneurs, les bûcherons et les troupeaux de brebis. Jeune moniteur de ski et accompagnateur, lorsqu’il partait avec ses clients à l’étranger, il ne visait pas les sommets himalayens, trop vierges, trop extrêmes, mais des massifs cousins, en Autriche ou en Suisse.
Depuis 1995, Bruno est l’un des cinq préposés à la garde de la Réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors, attaché au secteur du Diois. Policier de la nature, il informe et sensibilise les randonneurs et les chasseurs : “Notre mission première n’est pas de verbaliser, même si c’est aussi notre rôle. Nous préférons parler de la réintroduction du vautour fauve ou de l’hibernation des marmottes, ou encore aider à localiser un chamois avec une paire de jumelles. D’ailleurs, le public est désormais éduqué, rares sont les visiteurs qui laissent des déchets sur place ou cueillent des fleurs.” Habit gris piqué du blason vert de la réserve naturelle, jumelles au cou, radio en main, GPS activé, fort d’un équipement sophistiqué et d’une solide connaissance du terrain, Bruno patrouille en solitaire. Il s’aventure tout au long de l’année et par tous les temps, sachant que le brouillard peut tomber d’un coup et la neige recouvrir rapidement tout repère. Les cinq gardes affectés au Vercors assurent la surveillance de la réserve sans relâche, en cumulant activités pédagogiques et scientifiques. Il s’agit de détecter les indices de présence du loup pour mieux comprendre ses mœurs et évaluer sa population, rappeler à un randonneur que son chien n’est pas autorisé sur la réserve, repérer un parterre de sabots-de-Vénus, remettre sur le bon chemin une famille égarée, entretenir une cabane de berger… Bruno participe au comptage du tétras-lyre, emblème du parc du Vercors, sauve une brebis embourbée et avoue comme une coquetterie : “Lorsque des promeneurs s’extasient sur le paysage du Diois et du massif du Vercors, je suis aussi fier que s’ils le faisaient sur ma propre demeure…” Aristocrates de cette famille restreinte des travailleurs de la réserve, les gardes se réunissent, une fois par mois, au bureau du Parc, à Lans-en-Vercors, en Isère, ou dans une bergerie pour échanger leurs informations et coordonner leur travail.
L’hiver est, bien entendu, plus solitaire que l’été. Peu d’hommes, peu de bêtes. Les troupeaux de chevaux et de génisses redescendent du vallon de Combau, les moutons de l’alpage du Glandasse, et les touristes aussi. Il n’y a guère de traces dans la neige : celles d’un lièvre variable, d’un chamois ou d’un randonneur en raquettes. Le garde passe alors des journées sans parler. Il médite.
L’été est plus convivial. Parfois, Bruno Cuerva bivouaque avec le berger de la Grande Cabane pour partager une veillée avec un groupe de randonneurs accompagnés d’un guide. Un historien local parle de l’ours qui vécut dans le Vercors durant cinq cent cinquante mille ans, avant de disparaître il y a moins d’un siècle. Cet amateur de miel et de truites cohabitait avec l’homme chasseur. Puis Homo sapiens est devenu éleveur et cultivateur, et les choses se gâtèrent. Les chasseurs du Vercors, redoutables “brûleurs de loups”, vinrent plus difficilement à bout de l’ours solitaire. Le coup fatal lui fut toutefois asséné lors du défrichement de la forêt. L’ours fut aperçu dans le Vercors pour la dernière fois en 1937. Mais il survit, symboliquement, à travers la vénérable association de randonneurs diois dont la fondation remonte à 1927, joliment nommée “Les Ours du Glandasse”. »
(p. 16-23)

L’approche

Ire partie ~ Le mystère des Vosges gréseuses
Jour 1 – Dans l’ombre du lynx
Jour 2 – Le mégalithe et les verriers

IIe partie ~ La langueur de l’Alsace bossue
Jour 3 – La villa, les prisonniers et la souille
Jour 4 – La gare et le terrain de camping
Jour 5 – Les miradors
Jour 6 – Les paroissiennes et la carte
Jour 7 – Eugène, mon arrière-grand-père

IIIe partie ~ L’épaisseur des Vosges moyennes
Jour 8 – Dans la peau du lichen
Jour 9 – Les ruches multicolores
Jour 10 – La forêt volée et les quatorze fontaines
Jour 11 – Les passeurs, les cupules et les éoliennes
Jour 12 – Les gardes forestiers
Jour 13 – Un totem dans les myrtilles

IVe partie ~ L’aplomb des Hautes Vosges
Jour 14 – De cols en balcons
Jour 15 – La ligne bleue
Jour 16 – Les clairières et les motards
Jour 17 – Le théâtre derrière les murets

Ve partie ~ La douceur des Vosges méridionales
Jour 18 – Les méandres
Jour 19 – Les pommes de terre
Jour 20 – Le lavoir, le cailloutis et l’église
Jour 21 – Les finistères

Remerciements ()

Érik Maillefaud, scieur à Mensac – L’âme des bois (p. 78-85)
Fannie Romezin, piscicultrice à Archiane – Retour aux sources (p. 108-115)
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