Les animaux à la une

Julien Perrot, naturaliste précoce, milite afin de les protéger pour une meilleure connaissance de la faune et de la flore dans le cadre de sa revue, La Salamandre.


« Tout Suisse est pédagogue », rapportait Denis de Rougemont. Fondateur et rédacteur en chef de La Salamandre, Julien Perrot en est un de la meilleure veine. Né à la campagne, cumulant la passion pour la nature et un goût prononcé pour le papier, il crée son journal en 1983. Il a alors 11 ans, entretient dans le terrarium de sa chambre une faune bigarrée qui lui offre un jour de printemps la naissance merveilleuse de petites salamandres. L’expérience (initiatique ?) marque profondément le jeune garçon. Invité à l’émission animalière de la Télévision suisse romande, Julien Perrot étonne les baroudeurs de la protection de la nature et voit affluer très vite les abonnements. Le jeune garçon ne décevra pas, puisque sa revue ne connaîtra jamais d’interruption, malgré les études de biologie de celui qui est devenu un jeune homme. En 1998, il choisit de s’y consacrer pleinement, lance une édition pour les enfants, La Petite Salamandre, puis crée une structure professionnelle seule capable de faire durer cette étonnante entreprise. Son leitmotiv est de faire découvrir la nature autour de chez soi, de donner des clés aux néophytes par un langage accessible et au moyen d’une belle revue – « parce que la nature est belle », renchérit Julien Perrot. Quiconque ouvre en effet La Salamandre sera surpris par une esthétique toujours soignée, à laquelle le dessin, l’aquarelle et la gravure (on pense ici à Jacques Rime et Jean Chevallier ou encore à Laurent Willenegger et Pierre Baumgart) apportent beaucoup en perpétuant le riche héritage du grand chasseur au crayon, sculpteur et graveur suisse Robert Hainard.
Mais que devient notre homme lorsqu’il ne travaille pas à sa revue ? S’il a exploré le Spitzberg, visité l’Amérique latine, l’Afrique ou encore traversé les Alpes à pied jusqu’à Nice, Julien Perrot préfère voyager non loin de chez lui et partir seul trois ou quatre jours dans la nature alpine ou jurassienne. Il fait partie de cette confrérie des contemplatifs qui s’émerveillent à la vue d’une primevère, d’un humble insecte – détaillé au moyen de sa loupe de poche –, de ces grands amants de la nature sauvage chaque fois émus par la rencontre d’un renard ou d’un blaireau. Il est aussi de ces solitaires néanmoins très sociables qui jouissent des nuits à la belle étoile dans leur sac de couchage, avec un goût particulier pour la pleine lune. Julien Perrot, immunisé contre la peur de la nature, aime se sentir « autre » au lendemain de telles nuits ; « et qu’importe, confie-t-il, de passer pour un fou (même dans le monde naturaliste), car je reviens bourré d’énergie pour des mois ! »
Basés à Neuchâtel, Julien Perrot et une solide équipe de seize personnes (dont trois Français) préparent méticuleusement sur le terrain – parfois deux ans avant ! – les numéros de La Salamandre. Notons la grande cohérence de cette revue imprimée sur papier recyclé, qui vit exclusivement de ses abonnés sans aucun crédit publicitaire. En outre, si la revue n’est pas militante, elle est un excellent pont vers la protection de la nature (c’est un combat pour Julien Perrot), et l’on y réfléchit sans cesse à réduire son empreinte écologique. Les 23 000 abonnés de La Salamandre, auxquels il faut ajouter 13 000 abonnés de La Petite Salamandre, ont une solide implantation en France, et la singulière atmosphère qui règne autour de Julien Perrot et de ses amis plaide pour cette aventure hors-piste qui approche déjà du quart de siècle.
La Salamandre
Rue du Musée, 4
2000 Neuchâtel (Suisse)
tél. (41) 327 10 08 25
fax (41) 327 10 08 29
e-mail info@salamandre.net
site www.salamandre.net


Portrait rédigé par : Stéphan Carbonnaux
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