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Cap-Vert, entre Afrique, Europe et Amériques
par Jean-Marc Cotta
le jeudi 18 mars 2010 à 20 heures 30


Indépendante depuis 1975, la république du Cap-Vert se situe à quelque 500 kilomètres à l’ouest du Sénégal et à 2 500 kilomètres à l’est de Fortaleza, au Brésil. D’origine volcanique, cet archipel atlantique comporte dix îles principales, dont neuf habitées, qui jouissent d’un climat tropical sec. Au nord, faisant partie du groupe Barlavento ou « au vent », se trouve São Vicente, avec Mindelo, la capitale culturelle. Au sud, faisant partie du groupe Sotavento ou « sous le vent », se trouve Santiago, avec Praia, la capitale administrative.
Cette très ancienne colonie portugaise, dont les ruines de Cidade Velha attestent la présence depuis 1462 sur l’île Santiago, compte un demi-million d’habitants et comporte une importante diaspora, dispersée notamment entre le Portugal, la France – qui, aux heures de gloire de l’Aéropostale, y disposait d’une escale –, les Pays-Bas et les États-Unis, où une très importante communauté prospère à Boston.
Ancienne possession portugaise, le Cap-Vert devint indépendant à la suite de la révolution des Œillets et à son combat militaire sur le continent avec ses frères bissau-guinéens. Père de l’indépendance, Amilcar Cabral ne vit pas se réaliser son rêve de fusion des deux pays lusophones, car il fut assassiné en janvier 1973, mais les graines plantées ont germé. Depuis 1991, le Cap-Vert est une démocratie pluripartiste où l’alternance politique est de rigueur. De confession catholique, le pays se rapproche de l’Union européenne via un « partenariat spécial » signé en 2007, invite l’OTAN à faire ses manœuvres pour la première fois en Afrique, quitte en 2007 les PMA (pays moins avancés) pour les PVD (pays en voie de développement) selon le classement de l’ONU.
La république dispose d’un territoire exigu – 4 000 km2 – et des plus contrastés. Si le tourisme balnéaire et le surf rendent attractives les îles pourtant très arides de Sal et Boa Vista à l’est, l’agriculture de subsistance et la culture de la canne à sucre, qui permet la fabrication du grogue, occupent les terrasses spectaculaires de Santo Antão, dans les Barlavento, la plus accidentée et la plus vaste avec sa superficie de 779 km2, tandis que l’île Fogo, dans les Sotavento, cultivée elle aussi, viticole et parsemée d’eucalyptus, est tout entière constituée de la caldeira et des flancs du volcan actif, culminant à 2 829 m, duquel elle tire son nom. Plus à l’ouest encore, la résidentielle Brava n’est desservie que par bateau, bien loin de l’activité incessante de Praia, la capitale économique, où viennent commercer les Noirs d’Afrique de l’Ouest.
Le Cap-Vert relève de la zone sahélienne, aussi son climat est-il loin d’être tropical contrairement à ce que son nom pourrait laisser entendre. L’adjectif « vert » aurait deux explications : la plus probable référerait au cap Vert qui marque la pointe ouest du continent africain, au Sénégal ; une autre, à l’existence d’une forêt primaire disparue. La rareté des pluies, voire leur absence pendant plusieurs années en certains lieux, ainsi que le « vent d’est » qui, immuable, vient assécher les récoltes, ont engendré des sécheresses et des famines (jusqu’à deux tiers de morts) endémiques, dont la tradition orale, poétique et musicale, a conservé le souvenir. Dans les chansons et les textes cap-verdiens, on retrouve la description d’une vie dure, où la souffrance est de mise et le fatalisme l’emporte sur la raison. La misère exacerbe cette souffrance, où le peuple crie son humiliation, son exploitation coloniale, sa déportation moderne à São Tomé, son émigration, la tristesse de l’amour perdu… La sodade cap-verdienne ne ressemble à aucune autre. Cette détresse a fait naître les mornas chantées notamment par Césaria Evora qui, presque à elle seule, fait surgir de l’enfer ce pays de Canaan.
Placé à la croisée des influences nord/sud (Europe/Afrique centrale) et est/ouest (Afrique de l’Ouest/Amérique du Sud et même du Nord), le Cap-Vert est ainsi l’un des archipels les plus surprenants qui soit.


Jean-Marc Cotta découvre le Cap-Vert en 1999 lors d’une mission professionnelle, en tant qu’accompagnateur en montagne. Un voyagiste lui propose en effet alors de créer un séjour « rando découverte » dans l’archipel. Voyageur au long cours, Jean-Marc Cotta parle portugais car il encadre déjà régulièrement des groupes à Madère.
Sans le savoir, il tombe amoureux de ce petit pays aux contrastes saisissants. Si l’île de Santo Antão aux montagnes magnifiques reste un coup de cœur, il aime aujourd’hui les huit autres îles habitées pour leur différence et leur singularité. Chaque morceau de terre est un petit continent avec sa propre culture et sa musique spécifique. En dix ans c’est plus de vingt-cinq voyages, d’une à huit semaines, qu’il y a effectués soit à titre personnel, soit en tant que guide de randonnée qui s’en retourne dans des familles qui sont devenues amies.
De son amour du pays est né l’envie de transmettre cette découverte insulaire. Une exposition photographique donne des ailes à son auteur qui la prolonge à travers un album Cap-Vert, L’archipel hors du temps.
Sa connaissance du pays et sa maîtrise de la langue le poussent à travailler plus en profondeur sur un sentiment cap-verdien, la saudade, pour son prochain ouvrage photographique.




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Livre de l’intervenant en rapport avec cette conférence :
Cap-Vert, L’archipel hors du temps


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