Paul-Émile Victor

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Base Dumont-d’Urville – Terre Adélie (France)
Année 1986
© Dominique Martial
Explorateur polaire, ethnologue et écrivain français. A fondé les Expéditions polaires françaises qu’il a dirigées durant vingt-neuf ans.

Né à Genève, en Suisse, le 28 juin 1907, Paul-Émile Victor grandit à Saint-Claude dans le Jura auprès de ses parents. En 1919, la famille s’installe à Lons-le-Saunier, où son père ouvre une usine de fabrication de pipes et de stylos. Dès son enfance, le jeune Paul-Émile est attiré par les pôles. Après le bac, il suit les cours de l’École centrale de Lyon qu’il quitte sans passer son diplôme. Il réussit l’examen d’entrée à l’École nationale de la marine marchande. Puis, en 1933, il suit les cours de Marcel Mauss et rencontre le commandant Charcot. Paul-Émile Victor est finalement diplômé de l’Institut d’ethnologie de Paris et de l’École navale de Marseille. Attaché au musée d’Ethnographie du Trocadéro, il organise en 1934 sa première expédition polaire. Le commandant Charcot le dépose, avec trois compagnons, pour un an sur la côte est du Groenland, chez les Eskimos d’Ammassalik. Au début de 1935, il traverse le désert de glace du Groenland, l’inlandsis, d’ouest en est, en traîneaux à chiens, avec Robert Gessain, Michel Perez et Eigil Knuth.

Rentré en France en 1935, Paul-Émile Victor acquiert une certaine célébrité grâce à de nombreux articles et conférences, et décide de repartir au Groenland. En 1936, il effectue, en compagnie des trois mêmes personnes, une traversée d’ouest en est de la calotte glaciaire en traîneaux à chiens, traversée qui tient à la fois de l’exploit sportif, de l’expédition scientifique et de la mise à l’épreuve de soi. Il y revient seul en 1936-1937, et s’installe à Kangerlussuaq, sur la côte Est. Il vit au sein d’une famille esquimaude pendant quatorze mois, « comme un Eskimo parmi les Eskimos », ce qui lui permet de compléter l’étude ethnographique de la population d’Ammassalik, qu’il décrit comme une « civilisation du phoque ». De retour en France, il exploite ses expéditions ethnographiques et publie son journal d’expédition. Devenu un personnage médiatique, il est conseiller technique du film de Jacques Feyder La Loi du Nord en 1939. La même année, il fait un séjour d’étude en Laponie, avec les docteurs Michel et Raymond Latarjet.

Tant sur le plan scientifique que sur le plan médiatique, c’est donc une prometteuse carrière d’ethnographe-explorateur qu’interrompt le déclenchement de la guerre en 1939. Durant la « drôle de guerre », Paul-Émile Victor est adjoint à l’attaché naval pour les pays scandinaves. Basé à Stockholm, il est à la fois agent de renseignement et officier de liaison avec la Finlande en guerre contre l’URSS. Pris de court à Copenhague par l’invasion allemande du Danemark en avril 1940, il parvient à revenir en France. L’Amirauté le renvoie à son poste à Stockholm, où il assiste en spectateur éloigné et impuissant à la débâcle de l’armée française. Il quitte Stockholm en juillet 1940 et, après un long périple dans l’Europe en guerre, regagne la France en octobre 1940 pour la quitter après l’armistice de 1940. Après un séjour de deux mois au Maroc, au cours duquel il s’emploie à réorganiser le scoutisme marocain, et une expérience de six mois à la Martinique, qui lui permet de mener à bien des travaux ethnographiques et de mettre en place des camps-écoles pour l’« éducation générale », il s’installe aux États-Unis en 1941. Là, il partage son temps entre travaux polaires et scoutisme, et s’engage dans l’US Air Force. Paul-Émile Victor obtient la nationalité américaine. En 1943, pilote et parachutiste, il devient instructeur à l’École d’entraînement polaire, où il crée en 1944 les escadrilles de Search and Rescue pour l’Alaska, le Canada et le Groenland, chargées de la recherche et du sauvetage des équipages aériens.

Démobilisé en juillet 1946, il se marie le 30 avec Éliane Decrais. Le 28 février 1947, il crée les Expéditions polaires françaises (EPF) – Missions Paul-Émile Victor, qu’il dirigera jusqu’en 1976. Le 30 mai 1947, c’est la naissance de son fils Jean-Christophe et, le 6 novembre 1952, celle de Stéphane Victor et de Daphné Victor. Après une expédition au Groenland en 1948, les missions se succèdent jusqu’en 1953. En 1955-1958, Paul-Émile Victor est nommé président du sous-comité Antarctique constitué en 1953 par le CNRS pour préparer l’Année géophysique internationale du 1er juillet 1957 au 31 décembre 1958. C’est en 1956 qu’a lieu son premier voyage en terre Adélie. À la tête des EPF, Paul-Émile Victor conduit de nombreuses expéditions au Groenland (Arctique) et en terre Adélie (Antarctique) où est construite une base scientifique française permanente. Il est en outre chef de l’Expédition glaciologique internationale au Groenland (EGIG), président du Scientific Committee on Antarctic Research (SCAR), président du Comité antarctique français pour l’année géophysique internationale (AGI). Il enchaîne les campagnes d’été pratiquement tous les ans en terre Adélie jusqu’à celle de 1975-1976. À partir de 1962, Paul-Émile Victor organise de multiples activités sur la défense de l’homme et de son environnement, collaborant en particulier avec Louis Armand (1905-1971), et devient, en 1968, délégué général de la Fondation pour la sauvegarde de la nature. Il crée en 1974, avec Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Louis Leprince-Ringuet, Haroun Tazieff, Jacqueline Auriol et Jacques Debat, le Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l’homme et de son environnement.

Le 1er mars 1965, il épouse en secondes noces Colette Faure ; Teva naît le 30 septembre 1971. En 1976, il quitte la direction des Expéditions polaires françaises. Auteur de quarante ouvrages scientifiques, techniques et de vulgarisation, Paul-Émile Victor réalise en 1977 son second rêve d’adolescent en s’installant avec sa famille sur une île déserte de la Polynésie française, le Motu Tane (l’« île de l’homme » en tahitien) où il dessine, peint, expose. En février 1987, pour fêter ses 80 ans, il retourne en terre Adélie puis au Pôle Nord en avril-mai avec l’expédition d’Hubert de Chevigny et de Nicolas Hulot. Paul-Émile Victor décède à Bora Bora en Polynésie, le 7 mars 1995. Selon sa volonté, il a été immergé en haute mer depuis la frégate Dumont d’Urville, de la Marine nationale, au large de Bora Bora.

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