Collection « Sillages »

  • Treks au Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Les mois d’égarement :

« Oulan-Bator avait beaucoup changé depuis mon premier séjour en 1989. Les frontières du pays s’étaient ouvertes et, malgré la crise économique qui sévissait dans les anciens pays communistes, des Mongols commençaient à voyager, pour commercer – avec le capitalisme, les gens n’avaient plus besoin d’aller dans des écoles spécialisées pour devenir vendeurs !
Les boutiques que je hantais quatre ans plus tôt en espérant trouver de la viande et du lait avaient changé d’allure : elles étaient remplies de marchandises nouvelles. Les vendeurs n’avaient plus à la bouche l’expression devenue typique des temps socialistes : “Il n’y en a pas !” Au nord d’Oulan-Bator, il y avait un immense marché à ciel ouvert, qui s’appelait le Marché noir ; c’était une vraie fourmilière. Y aller n’était pas une mince affaire. En revanche, on pouvait y acheter absolument tout. Mais, maintenant, les gens avaient aussi le choix de faire leurs achats n’importe où : à côté des arrêts de bus s’ouvraient des kiosques où se vendait tout et n’importe quoi. S’il le décidait et s’en donnait les moyens, chacun pouvait devenir commerçant du jour au lendemain, si bien que le négoce transfrontalier devint presque la seule activité lucrative.
Mon frère Dugree s’était d’ailleurs lui aussi mis au “négoce à la valise”, franchissant les frontières pour importer de quoi revendre. J’étais toujours étonnée de le voir partir en Chine avec tout juste assez d’argent pour s’habiller en Mongolie, et le voir revenir avec d’énormes sacs remplis de marchandises. On appelait ces sacs aux rayures bleues, blanches et rouges des “cochons”. Au rythme des arrivées de “cochons”, la capitale changeait de couleur. De grise, elle était devenue bleue : presque chaque personne portait des jeans importés de l’Ouest et qui étaient considérés comme des produits de luxe.
Quelque temps après mon arrivée, j’entendis à la radio une annonce de l’Institut des langues européennes : il y était question d’une formation de français d’une durée de quarante-cinq jours. Les professeurs de l’Université d’État y dispensaient les cours, à l’issue desquels les étudiants pouvaient suivre un cursus complet. Je me souvins alors qu’à l’âge de 11 ans un ami m’avait montré la photo de Delgermaa, l’ancienne fiancée de mon frère Dugree ; ayant finalement épousé un diplomate, elle posait à Genève devant un parterre de fleurs multicolores. Je m’étais alors juré d’apprendre le français pour me faire photographier devant les mêmes fleurs mais aussi pour voir la ville qu’habitait l’homme qui avait volé sa fiancée à mon frère. Donc, en écoutant l’annonce, j’eus le pressentiment que mon rêve pourrait se réaliser. Et, à la première heure le lendemain, je me présentai à l’Institut pour m’inscrire. Hélas, le cours était déjà complet. La radio avait par erreur passé l’annonce trop tardivement, et la formation était presque terminée… Déçue, je m’apprêtais à sortir du bureau quand j’entendis une femme parler avec l’accent de l’Uvs, l’accent des Bayad, si caractéristique ! Sans même réfléchir, je me retournai et dis en appuyant mon intonation :
“Bonjour, je m’appelle Naraa. Est-ce possible de m’inscrire au cours de français ?
— Tu viens de l’Ouest, jeune fille ?
— Oui, je suis de l’Uvs, de Malchin.
— Pour les cours de français, c’est trop tard ; ils ont commencé depuis un mois. Tu peux en revanche t’inscrire à ceux d’anglais et de russe.
— Mais, moi, j’aimerais apprendre le français ; ce sont les cours de français qui m’intéressent.” »
(p. 196-197)

Le commissaire de la propreté (p. 67-68)
Ma vie à l’écran (p. 268-270)
Extrait court
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