Collection « Visions »

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Couverture
L’épreuve du feu :

« Il est étrange ce pays où les hommes tiennent fièrement tête à l’une des plus puissantes armées du monde. Les factions de la Résistance sont désunies ; il arrive qu’elles se battent entre elles. Les moudjahidin sont mal équipés, mal nourris et désorganisés. Le Harakat-e-Islami a instauré une discipline qui, paraît-il, est inconnue des autres groupes. Ses moudjahidin peuvent y apprendre à lire et à écrire, ils s’entraînent et s’entretiennent physiquement alors que, comme on le rencontre dans les autres partis, beaucoup seraient plus enclins à passer leurs journées à boire du thé en ne faisant rien. Une nonchalance doublée d’une formidable ténacité qui, sans doute, va permettre aux Afghans d’être le bras de la coûteuse défaite russe en Afghanistan. Parce qu’ils sont imprévisibles et incompréhensibles. Un volontaire arabe, rencontré à Jaji et qui avait visité chacune des factions de la Résistance, me racontait que les combats auxquels il avait participé étaient souvent mal organisés : son groupe approche d’un poste ennemi, s’arrête à un ou deux kilomètres à cause des mines, tire quelques roquettes puis se replie en désordre. Beaucoup de blessés le sont par accident, entre eux, sans avoir même pris part au combat. Paradoxe afghan, un des commandants de Sanglakh m’a dit un jour : “Si un envahisseur veut gagner la guerre ici, il faudra qu’il tue jusqu’au dernier Afghan. S’il n’en reste qu’un seul, il combattra pour sa terre et sa religion et ne pliera jamais.” Il avait raison !
L’islam est le fondement de la société afghane. C’est au nom de l’islam que le pays s’est soulevé contre les différents envahisseurs. Il imprègne chaque instant de la vie des hommes et des femmes. C’est une valeur extrêmement forte qui cimente l’improbable nation afghane. Que ce soit les moudjahidin ou les autres Afghans, tous ont ces mots à la bouche : nous nous battons au nom de l’islam. Cela signifie qu’une fois les Russes partis – Inch Allah !–, ils veulent vivre dans une société régie selon les principes islamiques. Lorsque je demande des éclaircissements sur ce que cela implique, on me parle de paix, de moralité, de justice. Mais l’Afghanistan possède aussi la rudesse. Il est peuplé d’hommes brutaux, capables de respirer une rose des heures durant puis de chasser un enfant avec férocité. M’y trouver plongé avec une telle intensité est parfois difficile. Je ne peux jamais être seul. Toute intimité a disparu. Les moqueries des moudjahidin me blessent lors de notre longue marche vers Sanglakh. Je suis naïf et la dureté de ce monde de pierre me frappe de plein fouet. La présence de Gilles est salutaire tant, parfois, je me sens loin de chez moi. Mais il y a ces moments où, sans un mot, un moudjahidin me secoue l’épaule et me tend une cigarette, car il a vu que je n’en ai plus. Ou cet autre : nous partons à l’assaut d’un col, alors que je suis baigné d’une sueur glacée, frappé par le soleil et ivre de fatigue ; un autre moudjahidin me sourit et prend mon sac, toujours sans un mot… »
(p. 32-35)

L’héritage (p. 6-7)
L’aventure taliban (p. 52-55)
Extrait court
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