Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Le sujet qu’est la lumière :

« Choisir l’expression photographique en voyage, c’est opter pour une grammaire visuelle simple et étendue à la fois : la lumière, le cadrage, la profondeur de champ et la vitesse d’obturation sont autant de leviers qu’on peut actionner pour capter la réalité et traduire ses propres impressions. Le voyage, lui, procurera les conditions d’isolement, de silence et d’attention nécessaires pour pouvoir plonger dans une compréhension intuitive de la réalité. D’une certaine manière, photographier en voyage ressemble plus à une expérience intérieure qu’à une activité artistique à proprement parler, et une journée de cette vie semble parfois contenir un savoir inépuisable. On se déplace en voyage, à chaque heure de la journée, comme dans les rayonnages d’une bibliothèque, passant sans transition de la géographie à l’anthropologie, de la littérature à l’histoire.
J’ai utilisé plusieurs appareils, de marques et de formats différents, mais c’est le “reflex” classique qui a tout de suite été le prolongement de ma main comme de mon œil. J’ai très rapidement associé ce boîtier à un objectif de 50 mm, non seulement parce que c’était le préféré de Cartier-Bresson, mais aussi parce que j’aimais la distance à laquelle il me tenait du sujet. Les grands-angles 24, 28 et 35 mm m’obligeaient à m’approcher de trop près et donnaient aux paysages et aux intérieurs un aspect dramatique que je ne ressentais presque jamais, alors que les télé-objectifs 70, 85 et 105 mm ne convenaient pas aux espaces confinés et isolaient grossièrement le sujet de son arrière-plan tout en écrasant les effets de perspective. J’aurais bien sûr pu choisir un zoom pour combiner toutes ces focales, m’acheter un pied, un flash, une boîte à lumière, le dernier jeu de filtres polarisants, mais un vendeur, devant mon enthousiasme de débutant, me prodigua ce conseil : “Peu importe l’appareil, seule la lumière compte.”
C’est en voyageant que j’ai découvert, avec un certain pragmatisme d’ailleurs, que le même sujet (un portrait par exemple) éclairé par la même lumière (disons un soleil franc de début de matinée) doit être photographié avec des réglages différents selon le lieu où l’on se trouve, à quelques dizaines de kilomètres près. La lumière, selon les continents, les pays, les villes et même les quartiers, subit d’infimes et subtiles modifications auxquelles il faut se rendre sensible.
Je faisais un jour, à Madaba, en Jordanie, une série de clichés sur une communauté chrétienne. Il devait être 5 heures de l’après-midi et le soleil commençait déjà à décliner en étirant doucement les ombres sur le sol. Alors que je faisais le portrait d’une jeune fille, je vis, sous l’action de la lumière, l’expression de son visage changer progressivement. En quelques secondes, et malgré son immobilité, il passa de la franchise à la douceur – quelque chose dans la qualité de l’air, avec la nuit qui arrivait, avait dû adoucir les couleurs et les reliefs.
C’est pourquoi il s’agit moins de prêter une attention extrême au lieu et au temps, voire au sujet, que de se fondre dans le mouvement des lumières. Ce sont elles qui guident notre regard, elles qu’il faut suivre car, d’une certaine manière, elles sont le premier sujet de toute photographie. »
(p. 19-22)

La juste distance (p. 51-54)
La faculté photographique (p. 72-76)
Extrait court
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