Collection « Visions »

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Couverture
Pays môn et karen :

« Depuis des années, je voulais me rendre dans le pays karen, au-delà de Hpa An, pour rencontrer le sayadaw (supérieur) du monastère de Thamanya qui, quasiment aveugle, guérissait en imposant les mains, attirant des pèlerins de tout le pays. Refusant de répondre aux invitations à Yangon des généraux birmans, il a plusieurs fois accueilli Aung San Suu Kyi, la fille du “père de l’Indépendance”, aujourd’hui en résidence surveillée. Lorsque, en novembre 2003, j’ai enfin l’occasion de gagner la région de Thamanya, le grand sayadaw est malheureusement mort depuis trois semaines. Des dizaines de milliers de Karen, de montagne comme de plaine, de toutes confessions, et même des bouddhistes d’autres ethnies, viennent rendre hommage à ce moine hors du commun, qui a atteint l’illumination. Les fidèles se précipitent vers le lieu d’exposition de la dépouille. L’émotion est forte mais la sérénité demeure. Les pèlerins, en dépit de leur nombre, sont nourris gracieusement par le monastère, comme cela est le cas depuis l’origine. À l’occasion de ce deuil, je côtoie des Karen, dont certains se rebellent depuis 1949 contre la domination birmane. Cette lutte s’est cristallisée quand l’armée a pris le pouvoir en 1962. Elle s’est poursuivie malgré la chute de la forteresse de Manerplaw en 1995, liée à des dissensions entre bouddhistes et chrétiens exploitées par la junte. En cette période de recueillement, c’est la trêve entre soldats birmans et combattants karen. Un grand homme a disparu, dont la sagesse a transcendé tous les clivages.
Quand on s’enfonce de Hpa An davantage vers l’est, au cœur du pays karen, nombreux sont les villages disséminés au milieu des rizières et des pics karstiques, beau paysage qui incite à la randonnée, de hameau en hameau, parfois à travers d’immenses rizières qui obligent à se déchausser pour traverser des zones boueuses ou de petits canaux. C’est donc avec plaisir que le marcheur découvre quelquefois des passerelles en troncs de bambou, à l’équilibre instable. Les maisons rencontrées sont pratiquement toutes en bois et assez cossues mais, par endroits, ce ne sont que de simples abris au toit de chaume. Dans cette région fertile, les rizières s’étendent à perte de vue, noyant les villages qui apparaissent telles des îles dans l’océan. Les Karen bouddhistes y sont plus nombreux que les chrétiens, et les villages comptent chacun un monastère en bois de teck. Cette région est aussi truffée de grottes, dont certaines abritent des sanctuaires bouddhiques. Leurs galeries étroites et glissantes pénètrent dans la montagne qu’elles traversent parfois. Plus à l’est, à la sortie de la bourgade de Thamanya, s’arrête la zone autorisée aux étrangers. Au-delà, le paysage change : les plaines cultivées sont remplacées par des collines boisées qui s’élèvent en bordure de la frontière thaïlandaise. Là vibre un monde différent, interdit en raison du conflit qui continue à opposer les Karen chrétiens à la junte militaire de Yangon. »
(p. 17-19)

Birmanie centrale (p. 82 & 86)
Birmanie centrale (p. 100-101)
Extrait court
Extraits d’articles
Le culte birman des « nat »
Les Kayan, dites « femmes girafes »
Les Naga, anciens « chasseurs de têtes »
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