Collection « Visions »

  • Indonésie
  • Lac Baïkal
  • Birmanie
  • En pays kirghize
  • Hautes vallées du Pakistan
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  • Afghanistan
  • Sinaï
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  • Asie centrale
  • Échos d’Orient
  • Route des Amériques (La)
  • De Saigon à Saint-Malo
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  • Îles des Quarantièmes
  • Alaska
Couverture
L’héritage :

« Pourquoi l’Afghanistan ? Pourquoi, dans les années 1950, mon père a-t-il choisi d’aller en Afghanistan, plutôt qu’ailleurs ? Aujourd’hui, après avoir parcouru l’Asie centrale, il m’affirme que certains lieux n’ont de signification qu’en étant difficiles d’accès et réservés au petit nombre. “Si la multitude, dit-il, s’y porte en masse, il vaut mieux rester chez soi.” Au milieu des années 1950, cette partie du monde était à peine accessible. Il faut aussi conserver présent à l’esprit ce que nos arrière-grands-pères appelaient “l’Orient”, terme qui soulève son contingent d’images. S’il fut jamais un mot magique dans ma famille, “Orient” en est un, comme si ces trois syllabes contenaient, à elles seules, un monde à découvrir. L’Orient fut un des fantasmes des Européens du XIXe siècle. Certains ne firent qu’en rêver : Stendhal et Hugo. Plusieurs y voyagèrent, alors qu’ils n’avaient d’existence que celle de la fiction : le comte de Monte-Cristo. D’autres y allèrent pour faire la guerre : lord Byron, l’amiral de Rigny qui anéantit la flotte ottomane à la bataille de Navarin, et Bonaparte avant eux. D’autres encore y flânèrent : Chateaubriand, Pouchkine, Maxime du Camp, Flaubert. Il y eut aussi Prjevalski, un grand sec, monomaniaque de la géographie qu’il se représentait comme une femme, officier général, aide de camp du tsar, toujours jaloux, toujours furibond, ornithologue distingué et naturaliste qui a donné son nom à un cheval, un explorateur qui voyageait lourd, avec armes, munitions, escorte de cosaques et équipage. Et encore André Gide, qui parcourut l’Anatolie pour mieux voir à quoi ressemblaient ces Turcs qu’il haïssait. Mon père cite ces noms au hasard. Tous ces gens-là sont ses amis… L’autre raison réside dans le fait qu’il y a 4 000 kilomètres de l’ouest de l’Espagne à Jérusalem : c’est le monde méditerranéen. Mais surtout, au-delà, il y a encore 4 000 kilomètres de Jérusalem au Pamir : des steppes, des déserts, des montagnes, des villes qui furent jadis prestigieuses… un ensemble d’échos assourdis de la Méditerranée. Le monde méditerranéen “en exagéré”. Les climats, les hommes. Ces deux espaces sont frères. Et l’inverse est aussi vrai : la Méditerranée est un écho immédiat du Moyen-Orient. Plus loin, en direction de l’est, une fois passé le Pamir, c’est le domaine de la mousson, lequel n’est pas complètement dépourvu d’intérêt, mais c’est autre chose, c’est l’autre versant du continent, c’est un monde différent, pense mon père. Donc il s’en tient à “l’Orient” de ses ancêtres, et se satisfait de l’espace qui court des rives du Jourdain aux sources de l’Amou-Daria. L’Afghanistan s’y trouve. Voilà pourquoi il fallait y aller. Nous sommes à la fin du printemps 1956, mon père est âgé de 28 ans. Accompagné de Claude Collin Delavaud, indéfectible ami qui deviendra un peu notre “oncle” à mes frères et à moi, et de Michel Cabouret, il rejoint le Pakistan. Les trois jeunes géographes atterrissent à Karachi, où une jeep achetée pour l’occasion est arrivée par bateau. Ils partent pour le nord, impatients, et demandent l’hospitalité dans les casernes en se faisant passer pour des officiers de réserve de l’armée française. Puis, enfin, voilà Peshawar et l’éternelle rumeur afghane. »
(p. 6-7)

L’épreuve du feu (p. 32-35)
L’aventure taliban (p. 52-55)
Extrait court
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