Cinquième époque :
« Le feu s’était frayé un chemin parmi les herbes coupantes à la lisière des esplanades. L’hôpital flambait. MacIsaac remonta vers la chapelle, un mouchoir mouillé posé sur la bouche. Il entra et empoigna les cordes des cloches? Il sonnait pour alerter tout être vivant qui pouvait encore se trouver sur le territoire de la mission, précaution superflue car nul ne s’attardait au seuil de l’enfer de flammes et de fumée. Prisonnier d’un certain rythme qui s’imposait depuis tant d’années, MacIsaac sonnait le glas.
Puis il laissa les cloches aller d’elles-mêmes et redescendit vers la baie. Le youyou ne se trouvait pas au pied de l’embarcadère. MacIsaac remonta vers la plage. La plage était vide. Le feu traversait maintenant la mission. Il poussait vers le rivage d’irrésistibles vagues noires ou dorées. Un peu fébrilement mais sans angoisse, MacIsaac explora les criques? Quelques objets abandonnés par les Alakalufs traînaient sur les minces franges de sable. Le missionnaire devait se rendre à l’évidence : débordé par l’afflux de l’exode sur son navire, absorbé par les manœuvres de l’appareillage, don Orosimbo avait oublié d’envoyer le youyou !
L’air vibrait sous la montée de la chaleur. L’asphyxie immobilisait les insectes au ras du sol. Du geste et de la voix, MacIsaac essaya d’alerter quelqu’un à bord de la goélette. La Juicio de Dios se silhouettait à peine derrière la fumée et le ronflement de l’incendie neutralisait ses cris. Il haussa les épaules et s’assit sur un rocher. Les renards jaillissaient des taillis embrasés en agitant au bout de leur queue des panaches d’étincelles. Ils tournaient follement autour du vieil homme au centre de ce piège qui se refermait entre l’incendie et l’eau glacée, puis se mettaient à creuser leur tombe dans le sable. MacIsaac priait. Il aperçut la pirogue de Calafate qui s’éloignait prisonnière du cercle d’ombres blanches qui se déplaçait avec elle. »
Deuxième époque (p. 70-74)
Troisième époque (p. 185-189)
Quatrième époque (p. 336-340)
« Le feu s’était frayé un chemin parmi les herbes coupantes à la lisière des esplanades. L’hôpital flambait. MacIsaac remonta vers la chapelle, un mouchoir mouillé posé sur la bouche. Il entra et empoigna les cordes des cloches? Il sonnait pour alerter tout être vivant qui pouvait encore se trouver sur le territoire de la mission, précaution superflue car nul ne s’attardait au seuil de l’enfer de flammes et de fumée. Prisonnier d’un certain rythme qui s’imposait depuis tant d’années, MacIsaac sonnait le glas.
Puis il laissa les cloches aller d’elles-mêmes et redescendit vers la baie. Le youyou ne se trouvait pas au pied de l’embarcadère. MacIsaac remonta vers la plage. La plage était vide. Le feu traversait maintenant la mission. Il poussait vers le rivage d’irrésistibles vagues noires ou dorées. Un peu fébrilement mais sans angoisse, MacIsaac explora les criques? Quelques objets abandonnés par les Alakalufs traînaient sur les minces franges de sable. Le missionnaire devait se rendre à l’évidence : débordé par l’afflux de l’exode sur son navire, absorbé par les manœuvres de l’appareillage, don Orosimbo avait oublié d’envoyer le youyou !
L’air vibrait sous la montée de la chaleur. L’asphyxie immobilisait les insectes au ras du sol. Du geste et de la voix, MacIsaac essaya d’alerter quelqu’un à bord de la goélette. La Juicio de Dios se silhouettait à peine derrière la fumée et le ronflement de l’incendie neutralisait ses cris. Il haussa les épaules et s’assit sur un rocher. Les renards jaillissaient des taillis embrasés en agitant au bout de leur queue des panaches d’étincelles. Ils tournaient follement autour du vieil homme au centre de ce piège qui se refermait entre l’incendie et l’eau glacée, puis se mettaient à creuser leur tombe dans le sable. MacIsaac priait. Il aperçut la pirogue de Calafate qui s’éloignait prisonnière du cercle d’ombres blanches qui se déplaçait avec elle. »
(p. 416-417)
Deuxième époque (p. 70-74)
Troisième époque (p. 185-189)
Quatrième époque (p. 336-340)