Du rêve à la réalité :
« Bien que je sois un athée convaincu, la spiritualité aborigène ne cesse de me séduire par la singularité de ses fondements, elle qui dispense de prières, de prosternations et de sacrifices. Son intégrité ne souffre pas de réinterprétations car elle n’engendre pas d’intouchables, n’alimente pas l’appétence des hommes. Elle ne préserve personne. Étrangère aux batailles dogmatiques livrées sous des latitudes méconnues, elle s’enracine au plus profond des êtres pour y puiser l’humanité tant revendiquée par d’autres religions. La violence n’est pas son credo, et l’ignorance pas son terreau. Sa puissance ne s’appuie pas sur la division, l’assujettissement d’âmes impies, sur les conquêtes territoriales et la culpabilité. Pourtant, tout comportement mettant le groupe en danger est puni par les hommes eux-mêmes – exécuteurs moraux de la Loi.
C’est l’interconnexion puissante entre les Aborigènes et la nature qui, au fil du temps, a décidé de mes pérégrinations et orienté ma foi en l’écologie. Lorsque rites et obligations sont correctement effectués, lorsque les hommes se montrent parcimonieux dans le prélèvement de la vie, les Êtres expriment leur gratitude en déclenchant les pluies qui font reverdir le bush après les sécheresses ; ils multiplient le gibier, placent l’esprit-enfant – Jijikarrkaly – sur le chemin des futures mères. Cependant, alors que j’accumule des connaissances sur cette civilisation à l’agonie, le délitement de ses richesses immatérielles accroît mon dégoût du monde dans lequel j’évolue, du paradoxe que nous édifions en pansant nos saccages au lieu de les prévenir. Pour ensuite avoir l’audace de nous en émouvoir. L’époque actuelle devrait tirer les enseignements d’un peuple qu’elle a considéré comme primitif et ourlé de mœurs douteuses ; lui qui, en plus de soixante mille ans, n’a pas échafaudé sa propre destruction en sciant la branche sur laquelle il est assis. Car chez les Aborigènes, l’homme appartient à la nature, pas l’inverse. Il ne la cultive pas ni ne tente de la dompter. Il cohabite intelligemment avec elle. »
L’ère des derniers arpenteurs (p. 33-38)
Initiation (p. 118-127)
Punmu, le grand rassemblement (p. 173-177)
« Bien que je sois un athée convaincu, la spiritualité aborigène ne cesse de me séduire par la singularité de ses fondements, elle qui dispense de prières, de prosternations et de sacrifices. Son intégrité ne souffre pas de réinterprétations car elle n’engendre pas d’intouchables, n’alimente pas l’appétence des hommes. Elle ne préserve personne. Étrangère aux batailles dogmatiques livrées sous des latitudes méconnues, elle s’enracine au plus profond des êtres pour y puiser l’humanité tant revendiquée par d’autres religions. La violence n’est pas son credo, et l’ignorance pas son terreau. Sa puissance ne s’appuie pas sur la division, l’assujettissement d’âmes impies, sur les conquêtes territoriales et la culpabilité. Pourtant, tout comportement mettant le groupe en danger est puni par les hommes eux-mêmes – exécuteurs moraux de la Loi.
C’est l’interconnexion puissante entre les Aborigènes et la nature qui, au fil du temps, a décidé de mes pérégrinations et orienté ma foi en l’écologie. Lorsque rites et obligations sont correctement effectués, lorsque les hommes se montrent parcimonieux dans le prélèvement de la vie, les Êtres expriment leur gratitude en déclenchant les pluies qui font reverdir le bush après les sécheresses ; ils multiplient le gibier, placent l’esprit-enfant – Jijikarrkaly – sur le chemin des futures mères. Cependant, alors que j’accumule des connaissances sur cette civilisation à l’agonie, le délitement de ses richesses immatérielles accroît mon dégoût du monde dans lequel j’évolue, du paradoxe que nous édifions en pansant nos saccages au lieu de les prévenir. Pour ensuite avoir l’audace de nous en émouvoir. L’époque actuelle devrait tirer les enseignements d’un peuple qu’elle a considéré comme primitif et ourlé de mœurs douteuses ; lui qui, en plus de soixante mille ans, n’a pas échafaudé sa propre destruction en sciant la branche sur laquelle il est assis. Car chez les Aborigènes, l’homme appartient à la nature, pas l’inverse. Il ne la cultive pas ni ne tente de la dompter. Il cohabite intelligemment avec elle. »
(p. 91-93)
L’ère des derniers arpenteurs (p. 33-38)
Initiation (p. 118-127)
Punmu, le grand rassemblement (p. 173-177)