Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Au Lapin agile :

« À Montmartre, tous les soirs, sauf le lundi, un petit groupe se réunit au numéro 22 de la rue des Saules, devant la porte du Lapin agile. Ce sont des Parisiens, des banlieusards, des provinciaux, des Belges, des Suisses, des Espagnols, des Portugais, des Québécois, des Nord- et des Sud-Américains, des Japonais… Certains sont unis par les liens familiaux, d’autres par ceux de l’amitié ou de l’amour, mais la plupart ne se sont jamais rencontrés auparavant. Après cette soirée, ils repartiront chez eux et ne se reverront probablement plus jamais. Les membres de cette réunion cosmopolite se classent en deux catégories. Honneur aux anciens, j’évoquerai d’abord les Initiés. Ils viennent là depuis longtemps. Ils aiment la chanson française. Dans ce cabaret, elle se chante depuis cent cinquante ans, avec passion, jusqu’à 2 heures du matin. Ils savent que les soirées s’y nomment veillées et en connaissent tous les rites. Dans les campagnes, les veillées permettaient aux familles et à leur voisinage de se rassembler après le dîner. Les histoires du village, les contes et les chansons occupaient tous ces gens jusqu’à l’heure du coucher. Ici, la famille se compose de chanteurs, d’acteurs, de poètes, de musiciens et elle invite ses voisins du monde entier à parcourir la moitié de la nuit. Un Initié se reconnaît par le regard complice qu’il pose sur les chanteurs et par sa facilité à reprendre tous les chœurs des chansons folkloriques. À l’inverse, les Profanes sont plus réservés. S’ils n’arrivent pas dans ce lieu sur les conseils avisés d’un guide touristique ou d’un ami, ils s’y arrêtent par hasard : en montant la rue des Saules, ils sont surpris par le charme rustique d’une maisonnette aux murs roses à l’angle de la rue Saint-Vincent et s’attardent. Juste en face, un plant de vigne presque champêtre. Les Profanes peuvent douter d’être encore dans Paris ! Poussés par la curiosité, ils frappent à la porte et entrent.
La salle dans laquelle ils sont invités à s’asseoir mesure à peu près 30 mètres carrés et ne comporte pas de scène. Dans les cabarets, rien ne sépare les artistes du public. Les spectateurs appartiennent à la mise en scène. Profanes et Initiés s’installent sur des tabourets ou des bancs de bois. Nous leur proposons à boire. Les verres sont posés sur de vieilles tables couvertes d’inscriptions, que d’anciens spectateurs ont gravées au couteau. Par un prénom, par des initiales ou un vague dessin, ils ont laissé, pour des dizaines d’années, une trace de leur passage. Accrochés aux murs, des tableaux parlent de Picasso, de Toulouse-Lautrec, de Bruant, de Frédé… À travers ces peintures, on respire l’atmosphère du vieux Montmartre, celui des poulbots, des marlous et des guinguettes. Le pianiste joue des airs anciens. Les artistes montent dans la salle et s’attablent. La petite troupe entame la veillée avec les chansons du répertoire français. Du Moyen Âge au XXe siècle, elle passe en revue tous les airs qui hantent la mémoire collective. Peu à peu, Profanes et Initiés oublient qu’ils sont à Montmartre et que le temps continue sa course. Seul compte le plaisir d’écouter et de chanter, et rien ne vient troubler cette délicieuse perte de repères, si ce n’est l’inquiétude de rater le dernier métro. À la fin de la veillée, les spectateurs restants sortent du Lapin agile. Abreuvés d’émotions, ils se retrouvent dans la rue, un peu perdus et engourdis. Ils se rendent compte qu’ils n’ont jamais quitté Paris et rentrent chez eux, la tête pleine de chansons. Les artistes aussi retournent chez eux, la chemise trempée de sueur. Quant à moi, je n’ai plus qu’une seule idée : dormir ! »
(p. 64-67)

Ça danse à la Mouffe (p. 34-38)
Un vaste patrimoine (p. 78-81)
Extrait court
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