Puna



Immense étendue des régions andines d’altitude, la puna correspond aux vastes plateaux entre lesquels s’intercalent les grandes chaînes de la cordillère des Andes. Sa végétation est clairsemée et aride. On l’appelle aussi Altiplano, en raison de son altitude moyenne de 3 000 m au-dessus du niveau de la mer. Ce facteur physique détermine les conditions d’un milieu original où se sont développées une faune et une flore uniques au monde. Avant la Conquête, cette région d’une superficie supérieure à 85 000 km2 couvrait un seul et même territoire ethnique et culturel. Aujourd’hui, la puna est comprise entre quatre pays : Chili, Argentine, Bolivie et Pérou. Durant la majeure partie de l’année, les températures sont très basses, avec une grande amplitude thermique entre le jour et la nuit : en hiver, elles peuvent osciller de 25 °C en milieu de journée à – 25 °C pendant la nuit. Elle se caractérise aussi par une basse pression atmosphérique qui, à partir de 3 000 m, s’accompagne d’une diminution de 40 % du taux d’oxygène dans l’atmosphère. Ce phénomène peut provoquer ce qu’on appelle aussi la puna ou soroche, qui se manifeste par de forts maux de tête, des vomissements, des insomnies et une sensation de malaise, disparaissant après une période d’acclimatation d’un ou deux jours.

La puna reçoit un rayonnement thermique fort de 466 cal/cm2/jour, alors que la moyenne terrestre se situe autour de 300. Il en résulte des vents constants et réguliers des montagnes aux vallées, servant d’énergie éolienne, notamment pour l’éclairage et le pompage des eaux souterraines. La faible pluviométrie annuelle est mal répartie et variable suivant les secteurs et les années : des périodes de sécheresse plus ou moins longues (de 8 à 10 mois) sont suivies de violentes pluies orageuses, surtout l’été. L’eau de ces précipitations s’infiltre aussitôt dans le sol très perméable. En outre, les pluies ruissellent sur la terre et sur les roches volcaniques. L’eau ainsi chargée en sels minéraux s’accumule dans des zones de dépression qui se transforment en lacs salés du fait de l’évaporation et deviendront des salars.

De manière générale, le sol ne possède pas une végétation suffisamment dense pour permettre la formation d’une couche fertile. Les rares plantes qui poussent et meurent sèchent sans créer d’humus. Sur la puna, on trouve seulement de la tourbe issue de l’accumulation de végétaux morts, déshydratés par les basses températures et la sécheresse. La flore andine est adaptée au temps sec et froid, avec des racines très développées, des feuilles petites, charnues et dures. C’est une steppe arbustive et éparse, qui laisse le sol presque nu. Dans la partie la plus haute, au climat rigoureux, pousse néanmoins une herbacée appelée l’iro, que l’on utilise pour couvrir le toit des maisons, et, plus bas, apparaissent le churqui, arbre épineux, et le cardón, de la famille des cactées. La majeure partie de l’Altiplano est couverte de tola, un buisson résineux utilisé comme combustible, dont la surexploitation provoque dans certaines zones une désertification irréversible. Le queñoa est le seul arbre sauvage qui pousse jusqu’à 4 000 m d’altitude.

Par Rémy Rasse & Analía Rondón
Texte extrait du livre : Andes, Visions d’un peintre itinérant
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