À l’écoute de son compagnon :
« En compagnie de l’âne, on retrouve un rythme naturel. Pas de surexploitation possible, ni de précipitation. À chaque jour suffisent sa peine et sa pitance. Sancho, par la malice de Cervantès et d’une duchesse persifleuse, se croit gouverneur de l’île de Barataria où sa naïveté, sa rondeur, son bon sens servent de divertissement à toute une galerie de personnages. Quel soulagement quand, délaissant son siège et ses ors de cacique, il reprend sa liberté, s’en va retrouver son baudet et avec lui sa condition de laboureur ! “Lorsqu’il arriva à son grison, il l’embrassa, lui donna un baiser de paix au front et lui dit : “Venez, mon compagnon et mon ami, le soulagement de mes travaux et de mes misères. Quand je vivais avec vous et que je n’avais d’autre pensée que celle que me donnait le soin de raccommoder votre bât et de nourrir votre corps gentil, heureuses étaient mes heures, heureux mes jours et mes ans. Mais, depuis que je vous ai quitté et me suis hissé sur les tours de l’ambition et de l’orgueil, mille misères, mille travaux et quatre mille angoisses me sont entrés en l’âme.””
De fait, le voyageur avec un âne apprend à s’oublier. A-t-il soif ? C’est l’animal qu’il abreuve en premier. Souffre-t-il du soleil ? L’ombre doit être partagée. A-t-il faim ? Est-il las ? Les blocs de granite ou les grumes qui feraient un siège idéal sont rarement pourvus d’anneaux d’attache pour ânes en vadrouille, et il faut chercher plus loin la possibilité d’une pause. Vous êtes enfin assis sur le talus de vos rêves, à déballer pain, tomates et Opinel. L’âne est là qui paît à vos côtés. Félicité. Il a de quoi s’occuper. Son museau rebondit de cirse en aubépine… Il s’éloigne imperceptiblement… En moins de trois minutes, il est à 50 mètres. Se relever, le ramener. Hésitation : défaire la longue longe et trouver une amarre, s’installer pour une heure, ou continuer ? Débâter à midi. Rebâter, recharger. C’est le prix. »
Un sobre gourmand (p. 44-46)
L’âne en fête (p. 63-65)
Extrait court
« En compagnie de l’âne, on retrouve un rythme naturel. Pas de surexploitation possible, ni de précipitation. À chaque jour suffisent sa peine et sa pitance. Sancho, par la malice de Cervantès et d’une duchesse persifleuse, se croit gouverneur de l’île de Barataria où sa naïveté, sa rondeur, son bon sens servent de divertissement à toute une galerie de personnages. Quel soulagement quand, délaissant son siège et ses ors de cacique, il reprend sa liberté, s’en va retrouver son baudet et avec lui sa condition de laboureur ! “Lorsqu’il arriva à son grison, il l’embrassa, lui donna un baiser de paix au front et lui dit : “Venez, mon compagnon et mon ami, le soulagement de mes travaux et de mes misères. Quand je vivais avec vous et que je n’avais d’autre pensée que celle que me donnait le soin de raccommoder votre bât et de nourrir votre corps gentil, heureuses étaient mes heures, heureux mes jours et mes ans. Mais, depuis que je vous ai quitté et me suis hissé sur les tours de l’ambition et de l’orgueil, mille misères, mille travaux et quatre mille angoisses me sont entrés en l’âme.””
De fait, le voyageur avec un âne apprend à s’oublier. A-t-il soif ? C’est l’animal qu’il abreuve en premier. Souffre-t-il du soleil ? L’ombre doit être partagée. A-t-il faim ? Est-il las ? Les blocs de granite ou les grumes qui feraient un siège idéal sont rarement pourvus d’anneaux d’attache pour ânes en vadrouille, et il faut chercher plus loin la possibilité d’une pause. Vous êtes enfin assis sur le talus de vos rêves, à déballer pain, tomates et Opinel. L’âne est là qui paît à vos côtés. Félicité. Il a de quoi s’occuper. Son museau rebondit de cirse en aubépine… Il s’éloigne imperceptiblement… En moins de trois minutes, il est à 50 mètres. Se relever, le ramener. Hésitation : défaire la longue longe et trouver une amarre, s’installer pour une heure, ou continuer ? Débâter à midi. Rebâter, recharger. C’est le prix. »
(p. 34-36)
Un sobre gourmand (p. 44-46)
L’âne en fête (p. 63-65)
Extrait court