« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
La Grèce antique est bien vivante, je l’ai rencontrée :

« La Grèce que j’apprenais à l’Université, je l’ai découverte, vivante, à Épidaure en 1947. J’appartenais au Groupe de théâtre antique de la Sorbonne et nous avions été invités, à l’occasion du centenaire de l’École française d’archéologie, à venir jouer Les Perses d’Eschyle dans ce théâtre. Il était alors très isolé, sans route carrossable pour s’y rendre et nul n’avait plus joué ici depuis les temps antiques. Vingt-cinq siècles de silence ; cela nous impressionnait. D’autant qu’au lieu d’avoir pour spectateurs, comme on le pensait, une poignée d’officiels et quelques rares touristes (bien peu de monde pour un théâtre de 15 000 places), on eut la surprise de trouver des milliers de paysans venus là comme à une fête exceptionnelle. Certains avaient dû venir de très loin car il y avait partout des ânes, des mulets chargés de couvertures, de réchauds, de victuailles. Des familles entières étaient installées – avec les aïeuls et les enfants – sous les pins du sanctuaire d’Esculape. Là, on faisait griller des moutons, ailleurs on chantait, on dansait. Tout le lieu était envahi d’odeurs fortes : les viandes à la broche, la résine, les graisses brûlées. Je pris soudain conscience que les foules antiques qui envahissaient périodiquement ce sanctuaire où le dieu Esculape opérait, dit-on, des guérisons miraculeuses, devaient ressembler à cette foule bruyante et remuante. D’un coup, la Grèce moderne me révélait un aspect de la Grèce ancienne bien peu conforme à l’idée qu’on s’en fait sur les bancs du lycée. Oui, bizarrement, ce sont d’abord ces odeurs et cette foule qui m’ont révélé la permanence de la Grèce. Au point que je me demande si ce ne sont pas ces choses si peu palpables, si impondérables comme les odeurs qui sont les plus durables, les moins mortelles quand tout le reste meurt.
Et puis, il y eut aussi le spectacle. On jouait “à l’antique” avec des masques, des cothurnes et une musique inspirée de la musique antique. Ce jour-là, il fallut même l’interpréter sur la flûte empruntée à l’un des bergers, car nos instruments électriques n’avaient pas résisté aux cahots de la route. Or le plus miraculeux c’est que ce texte des Perses – qui raconte la victoire grecque de Salamine sur l’immense armée de Xerxès – n’avait pas pris une seule ride depuis vingt-cinq siècles. Car jouer ainsi, dans cette atmosphère et juste après la guerre, le récit des horreurs perpétrées par les Perses sur la population grecque (incendies de temples, viols de femmes, massacre des hommes) avait une résonance terriblement actuelle. Les rapprochements étaient si nets avec les atrocités toutes récentes de l’occupation allemande que, lorsqu’on reprit la pièce quelques jours plus tard à Athènes, nous étions sans cesse interrompus par les applaudissements du public. Ce n’était pas seulement le spectacle qu’on applaudissait que cette répétition, à vingt-cinq siècles de distance, d’une même histoire tragique et d’une même victoire.
Ce premier contact fut pour moi une leçon salutaire. Car il me débarrassa des images factices que j’avais de la Grèce. Les voiles tombaient. L’histoire se dévoilait, presque identique, et toujours grecque. Elle était faite de drames et ce n’était absolument pas un hasard, si c’est en Grèce, à Athènes, qu’était née la tragédie. Tout y portait les Grecs : leurs légendes et leur histoire. Je compris en quelques jours ce que la lecture des textes est impuissante à vous apprendre. »
(p. 21-23, propos recueillis par Régine Gabey, Réalités, novembre 1973)

Faisons la paix avec Aristophane (p. 47-52, La Paix d’Aristophane, adaptation de Jean Vilar au TNP, Bref, janvier 1962 )
Le message lucide de la tragédie (p. 107-110, Le Figaro, 1981)
De l’Adriatique à la mer Noire (p. 191-193, “Rencontres européennes du livre de Sarajevo”, préface à De l’Adriatique à la mer Noire, écritures théâtrales Maison Antoine Vitez, 2000)
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