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Extrapolations professorales : l’enseignement des Lumières
par
le mercredi 29 mai 2013 à 19 heures 30


Il apparaît nécessaire que ce cycle de conférences consacré à Julie Boch s’achève sur la relation d’une expérience dont elle fut la partenaire exemplaire, en revenant sur le genre de rapports que suscite un exercice universitaire en fait mal défini : la direction de thèse. Ce n’est pas de psychologie qu’il s’agit, mais du protocole et des principes intellectuels qui régissent la confrontation, eux-mêmes déterminés par la nature de l’ouvrage en cours d’élaboration (une thèse de littérature et d’histoire des idées). On n’oublie pas qu’à travers l’ouvrage son auteur est jugé et déclaré apte à remplir la fonction qui s’exerce actuellement sur lui, à devenir professeur d’université à son tour : tâche et responsabilité angoissantes de part et d’autre. Ce qui importe est de montrer que les critères applicables aux personnes impliquées, à l’œuvre en cours (la thèse de doctorat), à l’objet (un composé d’art et de pensée) et au sujet de cette thèse se recoupent et répondent à la complexité même d’une discipline dont les normes techniques et les finalités ne paraissent ni stables, ni bornées. On s’aperçoit par exemple que la signification d’un texte ne peut être indépendante de la qualité de l’interprétation, de la valeur des connaissances et de la sûreté des analyses contribuant à cette interprétation. De pareilles considérations résultent les conditions d’une appréciation juste, jugement qui déborde de l’ouvrage critique sur l’objet de l’examen critique : c’est de la légitimité du commentaire et, au-delà, de la raison d’être de la littérature qu’il finit par être question.


Jean Dagen, qui dirigea la thèse puis l’habilitation à diriger des recherches de Julie Boch, illustrera ces remarques en empruntant notamment aux études qu’elle a produites sur des auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles qu’ils avaient soumis ensemble au traitement doctoral. Il relèvera les confusions ou erreurs que provoque le mépris des principes et règles qu’ils avaient tacitement convenu d’observer : s’interdire de prononcer, au nom d’une critique rationnelle, un jugement que Julie Boch, l’appliquant à elle-même et à ses auteurs, aimait à qualifier de « moral ».



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Livre de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
Apostat ou philosophe ?, La figure de l’empereur Julien dans la pensée française



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