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Goldmen, Résistants pour la Terre
par
le jeudi 3 décembre 2009 à 20 heures 30


Parce que les initiateurs d’actions locales pour l’environnement ne recevaient que peu de reconnaissance, Richard N. et Rhoda H. Goldman, philanthropes de San Francisco, ont créé en 1990 le prix Goldman pour l’Environnement. Depuis vingt ans et parmi six régions continentales – Afrique, Asie, Europe, Nations insulaires, Amérique du Nord et Amérique du Sud et centrale –, ce prix ne cesse de récompenser, soutenir et protéger des héros anonymes que leur engagement conduit parfois à mettre leur vie en péril. Outre initier un mouvement collectif autour d’activités écologiques favorables à l’environnement et à la vie des communautés locales, le prix Goldman cherche à inciter d’autres personnes à entreprendre des actions pour protéger le milieu naturel.
Contre la pollution, la déforestation, la disparition d’espèces animales et végétales protégées, etc., des personnes anonymes du monde entier entrent en résistance. En Somalie par exemple, Fatima Jibrell qui, pour enrayer la déforestation, milite au sein de Horn Relief, a fédéré des chefs de clan et propose des fours solaires comme alternative à la coupe de bois de chauffe qui menaçait des acacias centenaires. En Thaïlande, Tuenjai Deetes et ses équipes promeuvent l’agriculture organique auprès des minorités du Nord, mettant un terme à l’écobuage et au défrichage. Au Chili, Ecosystemas, mené par Juan Pablo Orrego, n’hésite pas à organiser d’immenses manifestations à cheval pour contrecarrer des projets de barrage hydraulique. Eugène Rutagarama milite au sein de l’IGCP pour la restructuration des parcs nationaux rwandais et la promotion de l’écotourisme qui, dans le cadre de la protection des gorilles, est devenu la troisième ressource du pays.
Une conviction commune unit ainsi ces lauréats du prix Goldman : la destruction des ressources naturelles n’est pas une fatalité, agir pour la planète est à la portée de chacun d’entre nous. En dépassant un premier réflexe d’impuissance et par leur entêtement à vouloir changer la donne, ces femmes et ces hommes, dans des zones parfois reculées ou en guerre, lancent et développent sur le long terme des projets d’envergure qui se veulent être des réponses concrètes, efficaces et durables à des questions d’ordre écologique. À la difficulté première du manque voire de l’inexistence de moyens s’ajoute la menace d’entreprises puissantes que la destruction de l’environnement et toutes les conséquences humaines qu’elle engendre n’affectent guère. Tamayo Cortez, qui se bat pour que la région d’Olancho, la partie centrale du Honduras, échappe aux coupes sauvages des compagnies forestières, a ainsi vu sa tête mise à prix pour 40 000 dollars. Le combat des Goldmen est aussi un combat pour les droits de l’homme : le droit pour chacun de vivre dignement sur une planète préservée et d’accéder aux ressources naturelles de manière équitable et durable. Le Philippin Von Hernandez, directeur de Greenpeace en Asie du Sud-Est, a obtenu avec une coalition d’ONG l’interdiction définitive d’incinération des déchets, mettant un terme au problème écologique de la transformation d’une pollution terrestre en pollution de l’air. Reste à permettre à tous ceux qui tirent leur subsistance des déchets qu’ils glanent dans les 800 décharges de Manille d’obtenir une vie digne, dans le tri sélectif peut-être.
Les lauréats du prix Goldman sont sélectionnés par un jury international d’après des nominations confidentielles soumises par un réseau mondial d’organisations environnementales. La remise des prix a lieu chaque année au mois d’avril pour coïncider avec le jour de la Terre. Ce prix leur octroie une récompense pécuniaire destinée à soutenir financièrement leur projet, mais surtout permet de promouvoir leurs actions par le biais d’un cycle de conférences d’une dizaine de jours, organisé à San Francisco et à Washington. Relayées par la presse, ces interventions sont l’occasion de rencontres décisives avec des personnalités politiques influentes ou des organisations financières importantes.


Sébastien Viaud est enseignant et photographe. Professeur d’EPS en France et à l’étranger, il anime depuis plusieurs années des clubs Unesco dans son collège, autant d’occasions de parler d’environnement et de rester parfois sans réponse face aux questions de ses élèves : « Mais qu’y pouvons-nous donc ? » Polyglotte, coauteur du documentaire Le Combat de la Rose (France Télévisions, 2007), Sébastien Viaud est passionné d’environnement. Conscient que la renommée du prix Goldman joue un rôle dissuasif auprès des opposants aux Goldmen et peut encourager de nouveaux entrepreneurs anonymes dans des actions pour l’environnement, il a voyagé pendant un an, en 2007-2008, à travers 33 pays, afin d’en rencontrer 27 récipiendaires. Il est devenu l’auteur du film Goldmen, Résistants pour la Terre. Avec la complicité du réalisateur Cyril Peyramond, son périple est ainsi relaté dans ce long-métrage produit par Laurent Segal et Kanari Films. Road-movie romanesque, carnet de voyage intime et spontané, le documentaire permet d’entrer dans la vie quotidienne de cinq Goldmen en approchant les réalités auxquelles ils sont confrontés jour après jour. Par cette série de portraits d’hommes et de femmes, Sébastien Viaud cherche à diffuser la parole et l’ambition de ces « résistants » et à soutenir ainsi les diverses entreprises qu’ils ont initiées. Son but est aussi de convaincre ceux qui ne le sont pas encore de la possibilité d’un monde protégé et durable.



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Livre de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
Résistants pour la Terre


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