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Vivre au cœur du Caucase, en Géorgie
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le jeudi 5 février 2009 à 20 heures 30


La Géorgie, située sur le versant sud-ouest de la chaîne caucasique qui s’étend sur 1 100 km de la mer Caspienne (en Azerbaïdjan) à la mer d’Azov (en Ukraine), est peuplée par 4,6 millions d’habitants. Ancien royaume, puis province russe à partir de 1801 et république fédérée de l’Union soviétique, Sakartvelo – la « terre des Kartli » comme l’appellent les Géorgiens – a retrouvé son indépendance en 1991. En dépit des revendications autonomistes de l’Abkhazie et du conflit avec la Russie au sujet de l’Ossétie du Sud, ce pays se développe depuis l’arrivée au pouvoir de Mikheïl Saakachvili en 2003. La Géorgie offre une variété de paysages époustouflants : régions semi-désertiques à la frontière azéro-arménienne au sud, littoral subtropical de la mer Noire en Adjarie à l’ouest, large vallée fluviale de la Koura sur les rives de laquelle s’étend la capitale, Tbilissi, et forêts à perte de vue – parfois primaires, elles couvrent 60 % du territoire. Ce pays qui culmine au mont Chkara, le troisième sommet du Caucase avec 5 068 m, abrite, du fait des vicissitudes de son histoire, quelques centaines de groupes ethniques, ayant chacun leur propre dialecte.
L’un des meilleurs exemples de cette mosaïque humaine est sans doute la Touchétie, à l’extrémité orientale de la Géorgie, en bordure du Daghestan et de la Tchétchénie. Cette petite contrée, seulement accessible par la piste du col Banski, à 2 926 m, n’est habitée à l’année que par une vingtaine de familles qui y vivent, sans eau courante ni électricité, de l’élevage de vaches et de moutons. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des autres Touchis résident en effet en plaine et ne regagnent leur région d’origine qu’à l’été, soit en villégiature soit comme bergers. Les villages, comme Omalo et Dartlo qui figure sur la liste du patrimoine mondial, sont composés d’un emplacement d’été en contrebas des tours de guet en pierres sèches, et d’un emplacement d’hiver à proximité des champs, en vue de l’engrangement des récoltes de foin et d’orge. Les fiers Touchis ont, comme les Khevsurs et Pshavs voisins, conservé des traditions païennes : ruelles ou cairns interdits aux femmes, trophées de chasse propitiatoires à l’entrée des villages, temples dédiés à des divinités tutélaires. Ils cultivent aussi des traditions équestres, encore manifestes dans le cadre de la transhumance, et des rites de mariage. Transformée en parc national, la région est connue pour abriter des aigles et des vautours endémiques, des loups et des ours bruns – qui ne sont pas sans attaquer les troupeaux –, ainsi que des mouflons.


Au début de l’année 2003, Audrey Bogini sillonne à pied, en compagnie d’un ami, la Syrie et la Jordanie. Elle traverse ensuite la Turquie pour rejoindre Batoumi, la capitale de la région géorgienne autonome d’Adjarie. Elle y parvient de nuit, et les rues plongées dans l’obscurité la déconcertent. Elle reprend aussitôt le bus pour Koutaïssi, au centre du pays, et trouve un accueil chaleureux chez l’habitant. Passionnée d’équitation, elle rêve de chevauchées sauvages sur les versants du Grand Caucase ; aussi part-elle vers la Kakhétie, à l’est. Là, elle croise les chemins de transhumance de la famille Bakuridze qui possède un cheptel de plus de huit cents brebis et vit de la fabrication du fromage. Les bergers leur proposent de les accompagner. Hommes, chevaux et moutons montent à plus de 3 000 mètres d’altitude sur des pentes enneigées pour arriver au pâturage estival d’Omalo, en Touchétie, à la frontière daghestano-tchétchène. La beauté de cette région isolée, coupée du reste du pays huit mois par an, la subjugue. Après cette expérience inoubliable, elle passe quelque temps à Tbilissi, la capitale, mais l’appel du Grand Caucase étant trop fort, elle entreprend un périple du mont Kazbek jusqu’à Chatili, le long de la frontière tchétchène, ponctué de rencontres hautes en couleur. En 2005, à l’issue d’un tour du monde, c’est en Géorgie qu’Audrey Bogini, qui était ingénieur en mécanique des fluides, choisit de refaire sa vie, auprès de Guia Bakuridze, l’ancien pilote devenu berger, en Touchétie.




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